Il paraît que je passe à côté de quelque chose, mais je n'ai pas réussi à sentir ce qui fait des Cadavres de Rosi une production aussi exquise.
Plantant Ventura comme un piquet policier stoïque dans le champ d'un thriller, il fait penser à la figure godardienne de Constantine : lui aussi va sombrer dans la paranoïa d'un noir et blanc très photographique. Mais il m'a semblé qu'il manquait un minimum de ténacité dans l'énonciation : les blancs de la narration rendent très vites distraits, et pour être honnête, j'en cherche toujours l'utilité. Pas de tension, pas de ferveur dans les liens qui se cimentent. Aurais-je manqué la lecture politique ? Elle m'a paru fortuite trop longtemps, effleurée du doigt par un détective trop flegmatique, résolvant les énigmes pour lui-même et se gardant jalousement les indices ; je ne demande pas qu'il les donne à son chef, mais à nous au moins.
Il est rare que je trouve des lenteurs dans le cinéma, mais je n'ai pas trouvé de beauté visuelle ou de renforcement métaphoriques à mettre sur leur compte ici. Si je prends l'air de m'excuser, c'est que ma perplexité devant le consensus sur à la qualité de l'œuvre me reste inexpliquée, mais je suis sûr d'une chose : j'ai ma dose hebdomadaire de complots condoriens (tus plutôt qu'inextricables), autour duquel un casting purement nominatif gravite comme fier qu'aucune ligne décrivant sa personnalité ne fût écrite, et alimentant l'illusion d'un progressisme politique faussement apatride qui se sert du meurtre avec autant de répétitivité que six coups sont tirés. Film à revoir, peut-être.
Quantième Art