Jusqu'à maintenant, le meilleur film de Luca Guadagnino était sans conteste Amore, pourtant imparfait de par sa mise en scène grandiloquente et précieuse. Après le plouf de A bigger Splash, qu'il vaut mieux passer sous silence, le réalisateur sicilien nous donne enfin la merveille que l'on était en droit d'attendre. Call me be your Name est la chronique d'un été italien, entre balades à vélo, dégustation d'abricots, plongeons dans l'eau fraîche d'un étang et déhanchements joyeux sur la musique des Psychedelic Furs. L'été des 17 ans d'Elio et celui de son éveil amoureux. Que la romance soit gay n'est somme toute qu'un détail tant il est avant tout question de désir, d'attachement, de tendresse et de peine. A la manière des grands maîtres italiens classiques, Guadagnino prend son temps pour installer une atmosphère émolliente, saturée de sensualité. Pudeur et délicatesse alliées pour une montée progressive de l'attraction de deux épidermes. Avec des moments banals, en apparence, de bonheur qui ne dit pas son nom, et des instants de grâce, magnifiés par une mise en scène aérienne et élégante (tout le contraire de Amore). Le film est un éloge de la beauté et de la culture distillé de façon sereine et dionysiaque, un peu comme chez Sorrentino mais sans l'extravagance, ce qui est bien aussi. Le scénario écrit par James Ivory, rien de moins, est évidemment la base de la réussite du film, tellement le réalisateur de Chambre avec vue sait comme nul autre peindre avec pudeur et sensibilité les emballements du coeur. Une histoire que la nouvelle pépite franco-américaine, Timothée Chalamet, porte très haut avec une interprétation remarquable qui lui a valu une première nomination aux Oscars. Call me by your Name a été tourné dans la petite ville lombarde de Crema. Un nom manifestement prédestiné.