Comme tout le monde, j'en ai entendu beaucoup parler à sa sortie en 2018, mais me méfiant toujours de la surmédiatisation autour d'une œuvre, j'ai attendu plus de trois ans et après avoir vu le tout dernier plan (bercé par une très belle chanson de Sufjan Stevens) dans une émission de "Blow up" avant de le voir.
Dès le début, nous sommes plongés en Italie en 1983 : tout y est, voitures, téléphones, poste de radio, musiques, livres, etc..., car la famille du jeune Elio est particulièrement cultivée : il y a pas mal de références à des livres (dont des extraits sont lus) ou à des compositeurs car Elio est musicien.
L'arrivée d'Oliver, beau et très grand (Armie Hammer, son interprète fait un mètre 96 !) homme va bouleverser l'ennui d'Elio, qui dès le début est fasciné, attiré sans doute déjà par lui.
Et réciproquement. Bien qu'il y aura quelques clichés et dialogues à côté de la plaque, Guadagnigno cadre parfaitement ces deux personnages très attirés par l'autre mais contraints de l'ignorer : Elio, comme tout adolescent, est en recherche de son orientation sexuelle et sort avec une amie, tout se débattant avec ce qu'il ressent pour Oliver (voir la scène où il prend son short, le sent, le mets sur sa tête et mime une pénétration sur son lit).
Ivory au script, fort heureusement, évite le piège du triangle amoureux pour se concentrer sur ces deux personnages, cohabitant aussi avec leurs sentiments devant les regards des deux parents d'Oliver qui se doutent, sans le dire, que quelque chose se trame entre les deux.
Tout est écrit, filmé et incarné avec pudeur : lorsqu'Elio avoue ce qu'il ressent envers Oliver, c'est sans le dire explicitement mais Oliver le comprends. Ce sera le cas aussi pour leurs baisers, leurs caresses et la seule scène de sexe est hors-champ.
C'est presque trop de retenu dans la réalisation.
Mais pour ceux et celles qui sont impatient(e)s que l'histoire d'amour ne commence clairement entre Elio et Oliver : il faut prendre son mal en patience, "Call me by your name" durant 2 h 12, il y a le temps, mais presque aucune scène menant à leur histoire n'est inutile.
Et la portion qui est consacré à leur passion est assez réduite (à un moment Elio et Oliver reconnaissent avoir perdu beaucoup de temps avant d'entamer leur liaison) comme pour rappeler aussi la fugacité d'une passion. Ce sera finalement juste le temps de quelques jours, fougueux.
Il y a tellement de belles scènes, aidés par des décors naturels d'Italie magnifiques, si bien filmés, la plus belle étant bien sur l'une des dernières où Elio et son père parlent d'une véracité sur les sentiments, le désir, qu'elle évoque à quiconque, aurait vécu et ressenti quelque chose de similaire à Elio.
Quand au casting, le gabarit des deux acteurs principaux est très important, leur interprétation est quasi sans fausse note, il faut saluer aussi Michael Stuhlbarg qui incarne le papa d'Elio avec une très grande justesse.