J'avoue que pour moi, « Camille redouble » était un peu le rendez-vous de la dernière chance, comme lorsque vous revoyez une fille avec qui le précédent rencart s'est mal passé : ça passe ou ça casse. En effet très peu convaincu par « Faut que ça danse ! », j'ai quand même fait le choix d'aller voir le dernier film de Noémie Lvovsky, séduit par un postulat ambitieux et fantastique que le cinéma français nous offre plus que rarement. Bonne nouvelle : je ne le regrette pas ! Alors bien sûr la réalisatrice nous ressort son rythme un peu lent et on se serait bien passé de quelques caricatures et excès, mais globalement l'expérience est rafraîchissante.
En effet, la réalisatrice ne se sert pas de ce point de départ captivant pour nous offrir ensuite des poses d'auteur interminables et n'allant souvent nulle part (qui a cité Michael Haneke ?), exploitant au contraire souvent à fond cette savoureuse idée, sans jamais sacrifier pour autant l'univers du lycée, des copines et des parents. On est même assez étonné que Lvovsky ait réussi en un laps de temps si court à ressusciter de manière aussi convaincante l'univers de notre jeunesse, l'idéalisant probablement un peu, sans pour autant que le plaisir s'en ressente.
De plus, l'œuvre se double d'une réflexion passionnante : alors que Camille « subit » ce voyage dans le temps en pleine instance de divorce, va t-elle faire les mêmes choix ou au contraire renoncer à « l'amour de sa vie » pour ne plus souffrir autant par la suite ? La question est là encore traitée avec beaucoup de pertinence, et si l'on regrette une morale assez conventionnelle voire banale, on ne peut que saluer l'intelligence et la sensibilité d'une réalisatrice faisant un tant soit peu honneur au cinéma hexagonal, capable à la fois de nous faire rire et de nous émouvoir... De quoi ressortir le sourire aux lèvres et le cœur léger : c'est déjà beaucoup.