Clément vit un rêve éveillé. Voilà ce modeste enseignant qui donne des cours particuliers au neveu de la célèbre comédienne de théâtre Alicia Bardery, dont il est précisément un grand admirateur.
Ordinairement, les comédies d'Emmanuel Mouret évoque Eric Rohmer. Ici, le hasard un peu magique qui met Clément en relation avec la star sur fond de musique de jazz rappellerait plutôt Woody Allen. Au personnage geignard de ce dernier, Mouret substitue le sien, timide et gauche, dont la certaine mollesse semble avoir par moments l'inconvénient de rejaillir sur le rythme du film.
L'intrusion de Caprice (Anaïs Demoustier), un poil à gratter dans la vie de Clément, ouvre la voie à un vaudeville aux incidents feutrés, et même plutôt à un marivaudage, car la sincérité désarmante de Clément empêche, à dessein, les malentendus qui durent. Caprice semble comme une figure allégorique (une muse?), tant elle est l'exacte opposée d'Alicia, dans l'apparence comme dans l'esprit. Anaïs Demoustier et Virginie Efira sont, par leur charme, leur talent et leur contraste, la bonne idée de cette comédie douce-amère. En dépit que j'ai eu bien du mal à imaginer la rayonnante star Alicia, aussi humble soit-elle, s'intéresser à des personnages aussi communs -parce que rien n'indique une quelconque séduction- que Clément et que son directeur d'école (Laurent Stocker). C'est une convention du sujet.
Les deux comédiennes n'ont aucun mal à surpasser les deux rôles masculins. Le personnage récurrent de Mouret montre souvent, ici, ses limites et ses redondances d'un film à l'autre.