« He's fast, strong, had a metal arm. » CAPTAIN AMERICA

En 2012, Avengers marque un tournant dans l’histoire du cinéma de super-héros. Ce premier crossover du Marvel Cinematic Universe (MCU) est un énorme succès critique et commercial, dépassant 1.500.000.000$ au box-office mondial. Kevin Feige, producteur en chef chez MARVEL, voit grand et met en place une Phase 2 ambitieuse, dont l’aboutissement sera Avengers : Age of Ultron en 2015.

Mais entre ces deux énormes rassemblements de super-héros, il faut assurer la cohérence du récit et approfondir les arcs narratifs des personnages clés. Il y a eu Iron Man 3, puis Thor : The Dark World et maintenant c’est au tour de Captain America d’avoir sa deuxième aventure solo. Le film va poursuivre l’histoire de Steve Rogers, mais il pose aussi les bases des bouleversements majeurs du MCU, notamment avec la révélation sur Hydra et le rôle du Winter Soldier.

Pour donner du poids et de la profondeur à cette suite, MARVEL fait appel à Christopher Markus et Stephen McFeely, déjà scénaristes de Captain America : The First Avenger. Connaissant bien le personnage, ils vont s’inspirer d’un arc majeur des comics : le run de Ed Brubaker, qui réintroduit Bucky sous l’identité du Winter Soldier. Ce choix est stratégique, il permet d’explorer la dualité entre passé et présent pour Steve Rogers, tout en ajoutant une dimension plus sombre et personnelle à l’histoire. Contrairement au premier film, qui était un récit de guerre classique teinté d’héroïsme, cette suite va prendre une tournure plus proche du thriller d’espionnage.

MARVEL surprend en confiant la mise en scène aux frères Anthony Russo et Joe Russo, connus principalement pour leur travail sur des comédies. Ce choix peut sembler audacieux, voire risqué, car ils n’ont aucune expérience dans le cinéma d’action à grande échelle. Cependant, leur talent pour la mise en scène rythmée et la direction d’acteurs va jouer en leur faveur. Ils adoptent une approche réaliste et nerveuse, avec des combats chorégraphiés à la perfection.

En 2014, Captain America : The Winter Soldier sort au cinéma dynamitant le MCU en révélant que le SHIELD est infiltré depuis des décennies par Hydra, changeant la donne pour la suite du MCU.

Après un premier opus ancré dans la Seconde Guerre mondiale, celui-ci bascule dans un tout autre registre. Fini les nazis (enfin presque) et les champs de bataille des années 40, place à une intrigue contemporaine mêlant complots politiques, manipulations et paranoïa. Ce changement est une excellente idée. Il permet de moderniser l’histoire de Steve Rogers et de l’adapter aux enjeux du XXIème siècle. Plus qu’un simple film de super-héros, il adopte un ton de thriller d’espionnage digne des meilleurs films du genre, dont la présence de Robert Redford n’est d’ailleurs pas un hasard.

Le plus grand défi pour Steve Rogers ici n’est pas un super-vilain ultra-puissant, mais bien le système qu’il est censé défendre. Lui qui a toujours cru en l’Amérique et en ses valeurs découvre que l’organisation censée protéger le monde : le SHIELD. Son organisation est gangrenée de l’intérieur par Hydra. Cette révélation bouleverse ses certitudes et le pousse à remettre en question sa place dans ce nouveau monde.

L’intrigue principale repose sur la découverte que Hydra n’a jamais disparu et qu’elle a infiltré le SHIELD depuis des décennies. Une révélation choc… Qui n’en est pas vraiment une, car le film donne de nombreux indices très tôt. On se doute rapidement que le sénateur Robert Redford joue un double jeu, et que l’organisation est corrompue jusqu’à la moelle.

Là où le film réussit, c’est moins dans cette surprise que dans la manière dont les héros doivent agir face à cette situation. Nick Fury, Steve Rogers et Natasha Romanoff doivent non seulement survivre mais aussi renverser le SHIELD de l’intérieur. Cette course vers l’avant donne au film un rythme effréné, ponctué de nombreuses scènes d’action aussi nerveuses qu’impressionnantes. Pour un premier blockbuster, les frères Russo surprennent en livrant des scènes d’action lisibles, brutales et ultra-efficaces. Contrairement à d’autres films du MCU où l’action repose sur des effets spéciaux massifs, ici, la mise en scène privilégie les combats au corps à corps, les fusillades tendues et les poursuites nerveuses.

Un moment de tension pure où Steve Rogers se retrouve piégé dans un ascenseur par des agents du SHIELD qui s’apprêtent à le neutraliser. En quelques secondes, la scène devient un combat mémorable, chorégraphié avec une précision exemplaire. Plus tard dans le film, on assiste à une démonstration de force du Captain lorsqu’il tente d’empêcher un hélicoptère de s’envoler en le retenant à mains nues. Une scène qui est devenue culte, notamment grâce à la performance physique impressionnante du Cap.

Chris Evans a évolué dans son interprétation de Steve Rogers. Ici, il livre sa prestation la plus nuancée. Son Captain America n’est plus seulement le soldat idéaliste d’autrefois ; il est désormais un homme qui doute, qui remet en question le système qu’il sert. Cette complexité renforce son humanité et le rend d’autant plus attachant. Physiquement, Chris Evans impressionne toujours autant. Ses scènes d’action sont crédibles, notamment grâce à son entraînement intensif et à une chorégraphie de combat qui met en valeur ses capacités martiales.

Le Captain n’est pas seul, il est aidé par une pléiade d’agent l’aidant dans sa quête : Scarlett Johansson trouve enfin un rôle plus approfondi, loin de la simple espionne séduisante. Son duo avec Steve fonctionne à merveille, avec une dynamique entre méfiance et confiance qui renforce leur relation. Samuel L. Jackson fidèle à lui-même, il incarne un Nick Fury plus vulnérable, forcé de disparaître pour mieux frapper. Sa fausse mort est un twist intéressant, même si un peu téléphoné. Enfin, Anthony Mackie, le Falcon, nouveau venu dans le MCU, il s’impose immédiatement comme un personnage attachant. Son lien avec Steve Rogers est naturel et il apporte un dynamisme rafraîchissant au film.

Impossible de ne pas mentionner le caméo de Stan Lee, toujours aussi savoureux, cette fois en tant que gardien de musée mécontent.

Sebastian Stan livre une performance marquante en Winter Soldier, alternant entre machine à tuer implacable et fragments d’humanité. Son personnage est tragique : manipulé, effacé, privé de souvenirs, il incarne la victime ultime d’Hydra. Le combat entre lui et Steve Rogers n’est pas qu’un affrontement physique, c’est une lutte morale entre un homme qui refuse d’abandonner son ami et un soldat conditionné pour tuer. Le duel final, où Steve refuse de se battre et tente de rappeler à Bucky qui il est, est l’un des moments les plus émouvants du MCU. Ce n’est pas la victoire du plus fort, mais celle de la persévérance et de l’amitié.

Si le film propose une intrigue d’espionnage efficace, elle reste assez classique dans ses rebondissements. Cependant, ce qui le distingue réellement, c’est sa dimension humaine et son traitement des relations entre les personnages. Le duel entre Captain America et le Winter Soldier est au cœur du film, bien plus que le combat contre Hydra. Ce n’est pas simplement une confrontation entre le bien et le mal, mais une bataille pour l’âme d’un homme. Et c’est là que le film excelle : en proposant un récit à la fois spectaculaire et profondément personnel.

Captain America : The Winter Soldier s’impose comme l’un des sommets du MCU en combinant habilement thriller politique, action haletante et profondeur émotionnelle. Plus qu’un simple film de super-héros, il redéfinit le personnage de Steve Rogers en le confrontant à un monde où les frontières entre le bien et le mal s’estompent. Porté par une réalisation percutante des frères Russo, des scènes d’action mémorables et un casting impeccable, ce film transcende son intrigue d’espionnage convenue pour livrer un récit puissant sur l’amitié, la trahison et la quête d’identité. Un opus majeur qui marque un tournant décisif dans la saga Marvel.

StevenBen
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Steven Benard

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