Une suite pas banale et plutôt réussie !
Captain America: the Winter Soldier est le dernier blockbuster Marvel en date. Second opus des aventures de Captain America (Chris Evans), le film met en scène le célèbre super héros créé en 1941 par Joe Simon et Jack Kirby, qui devra une fois encore lutter contre une terrible menace… Côté écriture, tout a été confié à Christopher Markus et Stephen McFeely (the Chronicles of Narnia, No pain no gain, Thor: the Dark World… – des films qui m’ont fortement ennuyé), et les frères Anthony Russo (LAX, Community, Animal Practice…) et Joe Russo (Happy Endings, Arrested Development…) sont à la réalisation. Le film est sorti sur nos écrans le 26 mars 2014.
Le film n’est pas une banale suite à plusieurs millions de Captain America: the first Avenger ou des Avengers de Joss Whedon, dont les aventures ont généré plus de 207 millions de dollars en à peine un week-end. Non, définitivement, ce Captain America 2 a quelque chose de plus, et réussit à exploiter les liens avec les autres films Marvel, mais également avec le Marvel-verse dans un sens plus large. Ce n’est pas du côté de la mise en place – simple – des évènements qu’il faut chercher: on sait que le Captain devra faire équipe avec Black Widow (Scarlett Johansson) pour empêcher une catastrophe. Sans tourner longtemps autour du pot: cela correspond à à peu près au scénario de tous les films de super-héros sortis jusqu’ici – Marvel ou non. Ce qui est original, donc, ce n’est pas l’histoire en elle-même ou sa mise en place, mais la manière dont le tout se combine et est exploité.
L’action se passe deux ans après les évènements de the Avengers. On retrouve le Captain, qui sert toujours son pays, mais qui commence à s’agacer des méthodes du SHIELD, pour qui la fin justifie toujours les moyens, quels que soient les dommages collatéraux. A un moment, il semble que le Captain soit le seul à détenir encore certaines valeurs, employeurs et proches compris. Et rapidement, il est pris au milieu d’une conspiration et ne sait plus vraiment à qui se fier…
Moitié thriller d’espionnage, moitié parcours initatique, the Winter Soldier est pour moi une très belle illustration de ce que doit être un film de super-héros adaptés de comics, un peu comme si Marvel Studios avait appris de ses précédentes erreurs et était à présent capable de proposer non seulement un film d’aventure aux scènes d’action magnifiques tout en s’intéressant réellement aux personnages. De manière assez surprenante, the Winter Soldier emprunte et chamboule en même temps ce qui se fait habituellement dans les films Marvel, remaniant la structure traditionnelle suffisamment efficacement pour obtenir un film au goût de thriller pas dégueulasse du tout, et pour que le résultat final soit pertinent. Niveau ambiance et propos principal, le film est mature et se concentre sur ce qui préoccupe un peu tout le monde en ce moment, à savoir l’abus de pouvoir de ceux qui gouvernent. Il y a également beaucoup plus de dialogues que dans la plupart des films de super-héros. Mais que l’on se rassure quand même un peu: les course-poursuites, les combats aériens et les fusillades constituent toujours le coeur du film.
Pour une fois, le personnage de Steve Rodgers n’est pas sacrifié sur l’auteur de l’intrigue. Si le premier opus m’avait profondément ennuyé en nous proposant un Captain America un peu mou du genou, pas réellement fini et body-buildé à mort, ce second film nous permet d’apprécier la profondeur du personnage. Et j’ai apprécié ce nouvel angle d’approche, parce que de base, Captain America n’est pas mon super-héros Marvel préféré, et le fait de le rendre attachant et de l’humaniser un peu est quelque chose de vraiment appréciable.
L’un des sous-textes les plus intéressant du film concernent ce qu’il en coûte d’être le Captain, de vivre hors du temps qui n’appartient donc à aucune époque, à aucun groupe (famille, notamment). De manière assez bouleversante et contrairement à ce qu’on a pu voir de ce personnage dans le tout premier Captain America ou même dans Avengers, le Captain dispose de faiblesses, il n’est pas que le surhomme invincible que nous laissent imaginer ses exploits, sa carrure ou sa puissance physique… et ça, après une série de films Marvel consistant à nous en mettre plein la vue pendant 1h45 sans jamais s’intéresser réellement aux personnages, c’est une vraie bouffée d’air frais. Je ne rentrerais pas davantage dans les détails pour ceux / celles qui n’auraient pas encore pu voir le film… mais très franchement, s’il fallait ne donner qu’une seule raison d’aller voir ce film, ça serait celle-là, parce que le super-héros au cinéma a quand même très souvent tendance à n’être qu’un prétexte à une déferlante d’action et d’effets spéciaux et qu’on ne s’intéresse pas assez à l’homme (ou à la femme, ne soyons pas sectaires !) derrière le costume.
Le reste du casting intègre quelques nouvelles têtes, comme Sharon Carter (Emily VanCamp – Brothers and Sisters, Revenge…) qui est malheureusement traitée assez superficiellement, ou le sidekick du Captain, le Faucon (Anthony Mackie – Gangster Squad, the FIfth Estate…), qui est un véritable partenaire et non un simple faire-valoir. Et de manière totalement non-objective: Black Widow (Scarlett Johansson – Vicky Christina Barcelona, et prochainement dans Under the Skin…) est absolument fantastique (!) et reste sur continue de se développer sur la trajectoire amorcée par Whedon dans the Avengers, donnant lieu à des scènes où le sens de la répartie de la jeune femme se mesure à celui du Captain pour créer des scènes mémorables… et même comiques.
Nick Fury (Samuel L. Jackson) est pour une fois présenté autrement que comme le chef froid que l’on a pu voir dans tous les autres films, sorte d’ombre planant constament autour des personnages principaux sans jamais être réellement dans la lumière. Pour la première fois, je lui ai trouvé de l’émotion et de la sincérité, rendant le personnage beaucoup plus épais et intéressant que ce à quoi on nous a habitués jusque là, avec en plus pour la première fois une vraie scène d’action permettant d’exploiter la badassitude du personnage… et ça fait plaisir ! Belle surprise également de retrouver Robert Redford (Spy Games, the Company you keep, All is Lost – dont on vous reparlera bientôt) dans le rôle d’Alexander Pierce, qui apporte une certaine gravité et donne au film un petit air de film d’espionnage des 70′s.
Concernant le Winter Soldier… J’ai eu énormément de mal à trouver normal de me faire spoiler le point principal du film au moment où les studios Marvel ont diffusé les premiers trailers du film, et après coup, je continue de trouver cette stratégie maladroite et complètement pourrie. Le personnage du Winter Soldier, incarné par Sebastian Stan (Political Animals, Once Upon a Time, Labyrinth…), est un personnage avec un fond et une personnalité, un véritable « méchant » traité avec autant d’intelligence que Loki dans Thor. Je n’en dirais pas davantage sur son personnage mais conclurais simplement sur le fait qu’il est à la fois passionnant et déchirant, tout en étant une sorte de Terminator du Marvel-verse.
Enfin, ENFIN (!) on m’a fait aimer Captain America et le considérer comme autre chose qu’une machine à sauver les gens et le monde ! J’ai apprécié d’explorer les faiblesses et les doutes du personnage autant que j’ai apprécié ses échanges avec ses acolytes. J’ai aussi apprécié le méchant du film et lui ai trouvé une profondeur incroyable. Tout ça, au point de presque oublier de parler de la réussite des effets spéciaux ou de la mise en scène des scènes d’action. Comme pour chaque film Marvel, assurez-vous de bien rester jusqu’à la fin des crédits, parce qu’il y a beaucoup à voir !
On parle déjà d’un Captain America 3 pour lequel les frères Russo pourraient rempiler… si le résultat est aussi travaillé que the Winter Soldier, ça sera pour moi un véritable plaisir =)