Aux plumes, et caetera ...

Premier long métrage de Stéphanie Valloatto, "Caricaturistes" est un documentaire qui va à la rencontre de dessinateurs de presse à travers le monde accompagné par Jean Plantureux, alias Plantu, surement le plus connu et le plus influent des "caricaturistes".

Fait notable, EuropaCorp distribue le film et plutôt bien si l'on en croit les ombreuses séances programmées. Comme quoi Luc Besson derrière une caméra et derrière son téléphone sont deux personnes tellement différentes. Si l'argent des navets contribue à l'essor de ce type de documentaire je ne peux pas critiquer cette philosophie. Pour une fois que je pense qu’EuropaCorp n'est pas qu'un ramassis de blockbuster navrant, je devais le souligner !

Stéphanie Valloatto a donc fait la rencontre de ces dessinateurs et leur donne la parole exclusive. Nous ne sommes pas ici dans un jeu d'interview sur le pouvoir et les enjeux. On nous informe sur leurs histoires personnelles et ce qu'est leur métier avec toute l'ambiguïté lié aux effets de leurs dessins et la portée qu'ils ont.

On rencontre ainsi une Vénézuélienne, un Mexicain, un Chinois, un Américain, un Russe, plusieurs francophones au travers le monde, un Israélien et un Palestinien.

Ce que j'aime dans le documentaire en général, c'est quand celui-ci n'axe pas son information vers un seul point de réflexion. En l'occurrence Caricaturistes remplit parfaitement ce rôle, dans le sens où il informe strictement. Il ne cherche pas à expliquer quoi que ce soit en faisant intervenir différents métiers, comme des sociologues, des politiques ou des agents de sondage. Le sujet ne s'intéresse qu'à la parole de ses dessinateurs sur leur expérience, la vision de leur métier et du monde qu'ils côtoient, avec notamment des anecdotes et des explications de leurs dessins.

C'est peut-être réducteur, mais la réflexion critique ne doit pas naître d'un documentaire. Un documentaire doit attiser la curiosité, et donner une base d'information sur laquelle l'intérêt pour un sujet va naître. C'est à chacun ensuite de poursuivre la découverte d'information dont naitra une réflexion contrairement à la fiction ou au docu-fiction qui doit donner se positionner puisqu'il est communément l'avis direct de quelqu'un extérieur au sujet traité. La démarche est donc totalement différente puisqu'on n'informe plus, mais on donne à réfléchir au travers d'un axe de pensé. Cependant il n'y a pas de règle bien évidemment, ce n'est que mon avis sur la manière de traiter les sujets selon le média choisit et celui qui me parait le plus approprié.

En l'occurrence Caricaturistes est donc un très beau documentaire, puisqu'il fait découvrir à un profane comme moi, de nouveaux noms, de nouvelles manières de s'exprimer et d'autres dessinateurs moins connus que Plantu.
On y découvre aussi toute l'envergure de Plantu et son influence politique au travers le monde avec de nombreuses rencontres que ce soit ses confrères, des journalistes, des étudiants et même des chefs d'Etats.

J'ai beaucoup aimé les dessinateurs Russe, Américain et Mexicain, plus que les autres en tout cas. Leurs dessins sont extrêmement percutants, dans des styles qui m'ont directement touchés notamment les dessins à l'encre et la plume du dessinateur Mexicain Angel Boligan dans un tracé qui me rappelle le film "The Wall".

J'aime beaucoup aussi le travail de "Willis de Tunis" dans la manière d'abordé le métier plus proche du Street Art que du journaliste avec une méthode d'expression moins dédié a un média et plus spontanée.

Je conseille vivement le visionnage de ce documentaire.