Le quart d'heure américain.
A l'origine de L'auberge espagnole, Cédric Klapisch a voulu faire sa saga Antoine Doinel, avec l'évolution sur le temps d'un jeune homme, qu'on a suivi à l'adolescence et qui, deux films plus tard, se retrouve adulte, avec deux enfants, et une séparation difficile à laquelle s'ajoutent un joyeux bordel.
Après Barcelone, Londres et Saint Petersbourg, ce film-ci se déroule essentiellement à New York, où le foutoir inhérent à la série est encore là, car on retrouve toujours Xavier (Romain Duris), et les trois femmes de sa vie ; Wendy, avec qui il se sépare, le "pote" Isabelle (qui veut devenir maman) et Martine, l'ex qui va (re)prendre une place dans sa vie.
A travers ses scènes de comédie et de quiproquos toujours savoureuses, Cédric Klapisch sait encore et toujours parler de cette société qui évolue, celle qui utilise Skype pour discuter, celle qui affronte les problèmes parentaux, et enfin celle dont les couples se défont rapidement sans promesse d'un amour éternel.
De plus, il filme un New York rarement vue, celui de Chinatown, des gens d'en-bas, avec un vrai regard je dirais naïf sur la ville avec Xavier qui lève la tête vers les gratte-ciels. Mine de rien, ça fait plaisir de revoir du Cinémascope 35mm au cinéma, ça a quand même de la gueule.
La lumière aussi est assez particulière, car régulièrement baignée par le soleil, où plusieurs plans paraissent jaunes.
Quant aux acteurs, le quatuor principal reste toujours de mise, même si on peut regretter que Kelly Reilly soit davantage en retrait. Par contre, j'ai été sidéré par Audrey Tautou ; d'habitude, je ne la trouve pas spécialement attirante, mais là, avec ses cheveux longs, elle a un charme fou, et je comprend que quand on la voit, on a envie de courir derrière un bus pour la rattraper !
Cécile de France fait aussi un numéro intéressant dans le sens où elle reste la plus immature de tous, et que l'arrivée d'une nounou va lui faire retrouver le feu sacré. C'est avec elle qu'on aura les scènes de comédie.
On retrouve aussi Dominique Besnéhard, Benoit Jacquot (qui joue le père de Xavier), et dans des caméos, il y a Zinedine Soualem, Kyan Khojandi et Cédric Lapisch lui-même en photographe.
Bien que je n'ai pas l'âge de Xavier, je comprends très bien ce qu'il ressent, et, putain de merde, je suis d'accord à 1000 % sur son choix en fin de film. A ce sujet, il y a une scène assez drôle où les trois femmes sont assises sur un banc, et Wendy dit à Xavier qu'il lui faudrait un mix des trois.
Tout comme les deux précédents films, c'est une ode au cosmopolitisme : il n'est pas rare de passer en un plan du français à l'anglais, en y ajoutant un peu d'espagnol et de cantonnais.
La partie avec l'immigration est peut-être de trop, avec le mariage blanc, mais en l'état, le film me plait beaucoup, car en plus d'y révéler Audrey Tautou à mes yeux, Klapisch arrive à choper l'air du temps et de notre société, juste à travers les errances de Xavier.