"Cécile est morte" fait partie du trio d'adaptations de Simenon mises en œuvre par la Continental au début des années 40, avec Albert Préjean dans le rôle du commissaire Maigret.
Et de fait, cette comédie policière souffre elle aussi du manque absolu de fidélité au personnage central, qui devient sous les traits de Préjean un titi parisien hâbleur et vibrionnant, tout le contraire du bon vieux Jules, policier bedonnant, lent et réfléchi sous la plume de Simenon.
L'absence de fidélité s'étend également à l'ambiance générale du film, sous le signe de la rigolade, même si une poignée de scènes pourront rappeler l'atmosphère lourde et poisseuse du romancier belge.
Prenant le relais de Richard Pottier qui officiait sur "Picpus" (et reprendra le flambeau pour "Les caves du Majestic"), Maurice Tourneur est chargé de la réalisation de "Cécile est morte", et s'en sort de façon honorable, proposant quelques séquences plaisantes, comme celle du métro aérien.
Hélas, la narration n'est pas très claire, et on a parfois bien du mal à comprendre la progression de l'enquête. La qualité épouvantable du mixage sonore (sur la version DVD) n'arrange évidemment rien, encore aggravée par la diction de plusieurs comédiens : j'ai carrément dû rajouter le sous-titrage en cours de film, tant certains passages me semblaient incompréhensibles.
Ce sont les rôles secondaires pittoresques qui sauvent "Cécile est morte" du total désintérêt : en effet, le petit peuple parisien est joliment rendu par l'écriture de Simenon, l'adaptation de Jean-Paul Le Chanois, et surtout l'interprétation théâtrale et savoureuse des comédiens.
Plus particulièrement Luce Fabiole, la concierge portée sur la bouteille, Germaine Kerjean, la vieille tante acariâtre (Céciiiiile!), Jean Brochard, le voisin étrange et gluant, Liliane Maigné, l'adolescente nymphomane, ou encore Charles Blavette pour une scène de colère méridionale très amusante.
Le film étant très bref (moins d'1H20), on n'a guère le temps de s'ennuyer et on ne passe pas un si mauvais moment, mais cela ne signifie pas que cette adaptation soit une réussite, loin de là...