Le sujet était très intéressant, la bande-annonce plutôt séduisante : toutefois je ne pensais vraiment pas que je serais autant conquis. « Celle que vous croyez », c'est simplement mon grand coup de actuel. Réalisateur habituellement sympathique mais sans grande personnalité, Safy Nebbou semble ici transcendé par la complexité du scénario, de ses personnages, de ce troublant jeu n'en étant pas du tout un et qui aura de sérieuses conséquences sur chaque protagoniste...
C'est une œuvre qui se vit, que ce soit par son remarquable travail visuel (cette photographie presque sibylline : juste magnifique) ou sonore (à ce titre, je regrette vraiment de ne pas l'avoir vu dans une plus belle salle : j'ai ressenti des sensations comme j'en avais rarement eu au cinéma ces dernières années), épousant idéalement l'intelligence d'un récit on ne peut plus moderne, décrivant brillamment l'angoisse, l'incertitude, la solitude dans laquelle sont plongées tant de gens chaque jour. Internet, cet objet fascinant grâce auquel on peut être n'importe qui durant une durée indéfinie, quitte à se perdre parfois totalement spirituellement. Fort d'un scénario habilement construit, presque labyrinthique par moments, l'œuvre peut compter sur des révélations, des rebondissements étonnants (et jamais gratuits) pour nous diriger vers un dénouement (troublant), ouvert juste comme il faut.
Une vraie histoire d'amour qui n'en est pas vraiment une tout en l'étant totalement (cela vous paraîtra limpide si vous le voyez), où Juliette Binoche brille de mille feux au milieu de seconds rôles corrects mais peu marquants (soyons honnêtes) : elle est exceptionnelle. Bref, vous l'aurez compris : voici pour moi un incontournable de ce début d'année 2019 et un incontournable 2019 tout court : si vous aimez être bousculés sans savoir à quoi vous attendre du début à la fin, « Celle que vous croyez » est pour vous.