Tourné en vue du muet, Chantage deviendra finalement le premier film parlant d'Alfred Hitchcock. Ayant pu déjà se faire la main sur l'aspect technique et visuel, Alfred va pouvoir renforcer son genre préféré avec cette nouvelle technologie, le parlant.
Une nouvelle fois, c'est visuellement parfait. De la première image, une roue, celle d'une voiture de police à toute allure annonçant la futur scène finale de la poursuite, bouclant ainsi la roue... heu la boucle. De la scène du meurtre avec ce bras de la victime sortant des draps, établissant une nouvelle image standard du thriller. Ces images dans les rues de Londres, rappelant au meurtrier son acte. Cette manière qu'il a de filmer les escaliers menant à la chambre du peintre ! Ce tableau représentant un fou, peint par la victime qui vient faire son come-back lors de la dernière séquence, un come-back symbolique !
Hitchcock verra même les choses en grand pour la scène finale, en filmant sur les toits du British Museum de Londres faisant ainsi passer Chantage comme pionner des films se tournant sur un lieu célèbre.
Hitchcock utilisera donc également la nouvelle technique du parlant pour améliorer son style, notamment avec cette cabine téléphonique insonorisé, ressenti par le spectateur, les isolant des oreilles étrangères.
Sur le fond Hitchcock développe ses talents également, ici l'audience connait le meurtrier, le titre s'attarde donc sur le chantage d'un quidam comprenant ce qui se passe. Chantage amusant puisque limité à un bon cigare et un bon plat. 15 minutes top chrono, et ce malgré que ce soit le titre du film. Mais cela est juste l'excuse du véritable problème que pose le film. Ce flic qui connait le meurtrier, va-t-il suivre la raison ou la passion et profiter de mettre tout à dos de ce maître-chanteur ?
Audacieux pour l'époque, Hitchcock y dépeint une Police corrompue, voire imbécile (cette vanne sexiste d'un agent pour conclure le film). Chantage est film calculé, cynique et techniquement parfait, comme d'habitude avec Sir Alfred !