En guise de prolégomènes à mon acerbe critique de l'oeuvre navrante de mon meilleur pote Neill Blomkamp, je souhaiterais développer brièvement le concept de Whole Brain Emulation (W.B.E), autrement appelé "mind uploading" dans un contexte purement scientifictionesque. Il s'agit, en substance, de répliquer l'âme d'un être humain en codant sa mémoire supposée être le siège de son "ghost", pour reprendre une terminologie chère aux fans de cyberpunk et du 攻殻機動隊 de Masamune Shirow - i.e, Masanori Ota. Je ne m'étendrai pas sur les réflexions métaphysiques et, disons le mot, d'enculeurs de mouches, relatives au bien-fondé et/ou à la "menace" du clonage numérique de notre da-sein dans l'acception heideggerienne du terme. En effet, il m'apparaît ontologiquement turpide de s'abaisser à considérer comme probante une hypothèse technique plutôt aberrante qui voudrait nous faire croire que d'ici 2050 lesdits réseaux neuronaux artificiels viendraient à supplanter leurs créateurs humains (pour mémoire, Météo France ne parvient toujours pas à prévoir correctement le temps qu'il fera le lendemain en région parisienne; l'E.P.R. d'AREVA n'est toujours qu'une grosse merde inopérante et les tranches de la centrale nucléaire de Fukushima rejettent quotidiennement Dieu sait quelle dose de saloperie radioactive dans l'Océan Pacifique... Nous sommes en 2015).
Par contre, je puis vous révéler que le dernier long-métrage de l'ami Neill, basé sur son propre short Tetra Vaal, est une bouse monumentale, pétrie de bons sentiments baveux, sauce Gangsta. Imaginez un improbable croisement entre Johnny 5 de Short Circuit, le cyborg de Contra/Probotector (pour les Anciens qui n'ignorent pas la signification des lettres N.E.S) et les robots de 機動警察パトレイバー (PatLabor), nourri au biberon par des hooligans british immigrés en Afrique du Sud. Vous n'aurez qu'une vague idée de la créature pitoyable et détestable qu'est CHAPPIE, un Astro le p'tit robot débarqué chez les loubards. A l'aide de PS4 montées en série et d'un système d'exploitation Windows XP version Family, notre génie synthétique autoproclamé parvient à coder numériquement l'âme d'un être ("Digitize!" dans Captain Power et les Soldats du Futur...). Banco, puisqu'il s'apprête lui-même à crever faute d'une carcasse métallique adéquate lui permettant de vivre plus de 48 heures. Opposé à un vieux des Special Forces davantage versé dans l'équipement de combat lourd et les méga-robots télécommandés armés de canons de 40mm et de cluster bombs, CHAPPIE doit faire front avec son créateur d'origine indienne ou pakistanaise contre un Hugh Jackman survitaminé et méchant. Après l'avoir bien démonté physiquement dans les bureaux des concepteurs des androïdes de la Police new age de Johannesburg, il sauve son créateur en le transférant via son programme de mind uploading perso - accessoirement, le mec n'avait qu'un flanc transpercé par une balle; il eût peut-être été utile de l'amener... à l'hôpital (lequel était au pire aussi distant du bidonville où se déroule l'affrontement que le siège de Tetra Vaal Corp. localisé downtown).
Le plot est tellement grotesque et décousu que je ne parviens pas même à l'expliquer clairement. Le seul truc que je retiens est une sensation douloureuse et cuisante au niveau de l'arrière-train, sans que je ne m'explique bien pourquoi...
