Chroniques du Panda, à la quête des calins perdus, volume 9
Authentique.
Je n'aime pas spécialement ce mot, il est utilisé à outrance et d'ailleurs souvent galvaudé.
Pourtant, c'est exactement mon sentiment devant Chat noir, chat blanc.
Champêtre, intime, simple.
Des personnages hauts en couleur, de la VIE partout, une musique entraînante et une joie de vivre communicative.
C'est un véritable hymne au bonheur, comme souvent le sont les films de Kusturica.
Gentiment cinglés aussi, à l'image de ces familles disparates, les gitans, les gangsters, les commerçants, les petites frappes.
On virevolte d'une scène à l'autre avec délectation, au rythme et aux sons du No Smoking Orchestra, absolument impeccable comme à son habitude, le thème principal reste d'ailleurs solidement ancré dans la tête plusieurs heures après le visionnage.
Des tranches d'existence, des évènements parfois tout bonnement familiers, banals, parfois totalement improbables, incongrus et toujours cette humanité omniprésente, cette simplicité paradoxalement à l'extravagance de certains personnages, lieux, certaines situations.
Kusturica a fait d'autres genres de films (Arizona Dream en tête, est autrement plus "grave"), mais celui-ci reste dans la veine de ceux qui sont devenus emblématiques du réalisateur : la folie omniprésente, l'orchestre, les acteurs ont des "gueules" pas possibles, l'éclairage est sublime et l'air de rien, une immersion dans la vie quotidienne de ces pays de l'est souvent méconnus.
C'est tout un art, réussir à nous faire sentir immédiatement à l'aise, comme chez nous, entrer dans les foyers des protagonistes comme si on faisait partie de la fête, pendant des jours, des nuits.
Il n'y a pas de message, sinon profiter tant qu'on le peut.
Il n'y a pas de morale, sinon rester fidèle à ses principes.
Il n'y a pas de finalité, sinon passer un bon moment, ne pas voir défiler les 2h du film.
On ne veut pas que ça s'arrête.