Peu attentif, le film m'apparaissait souligner l'indétermination kafkaïenne des véritables donneurs d'ordre, d'une répression sanglante historiquement déterminante, à ce jour peu éclaircie. En deuxième lecture, le drame met davantage l'accent sur la désillusion d'une fonctionnaire zélée, confrontée dans sa chair à son aveuglement doctrinaire inhumain. Confortée par son satut de privilégiée, Lioudmila considère les revendications populaires en terme de dissidence, comme un affront irresponsable adressé à l'intérêt général de nation, au régime. La nécessité de retrouver la trace de sa fille, lui fera expérimenter le climat de peur ambiante instauré par ce régime dont elle était partie prenante, où la solidarité humaine ne s'exprime plus par crainte de la délation. Trois générations se côtoient sous le même toit, trois temporalités cohabitant, facettes de la Russie égarée de 1962 à l'ère khrouchtchevienne.