Il y a quelque chose de fascinant et d’étonnant quand on observe le travail de Richard Fleischer et qui se met en place dès ce premier film. Très vite on s’aperçoit qu’il n’est en rien le simple habile faiseur qu’on pourrait croire. Durant toute sa carrière il ne cesse d’expérimenter des procédés, de travailler la mise en scène, d’explorer les possibilités de cadrage, de champ, pour faire corps avec son histoire et avec le genre dans laquelle elle s’inscrit. Cinéaste caméléon, oui, mais qui ne s’efface jamais au profit de ce qu’il filme. Et s’il n’a jamais été un cinéaste-auteur, s’il n’a jamais été à l’origine d’un projet, il fait sien chaque commande que les studios lui donne et en tire des choses incroyables. Ce qui est intéressant, c’est que malgré son statut peut être moins ‘forgé’, son assise moins ancrée, les studios semble lui faire totalement confiance, et ça se ressent dans chacun de ses films. Il y a une vraie liberté d’écriture cinématographique, surtout dans ses premiers films à la RKO : absence volontaire de musique, expérimentations visuelles, libertés de ton,…

Child of Divorce est donc son premier film, et celui-ci respire déjà totalement cette liberté dont le cinéaste semble jouir. Loin de lancer sa carrière avec un film de série B, il débute avec un drame intime sidérant de modernité, de justesse et de maturité. Il filme une petite fille face au divorce de ses parents. Comme dans ses polars suivants à la RKO, il resserre au maximum son récit qui se déroule en à peine 1 heure. Mais cette contrainte, imposée ou qu’il s’impose, se transforme en qualité car ça lui permet d’aller à l’essentiel, d’éviter le gras. Mais c’est aussi, dans le cas présent, un tour de force étant donné la complexité du sujet. Et pourtant, même avec un tel format, Fleischer conserve cette complexité mais il l’a retranscrit avec une simplicité de langage étonnante, et qui passe essentiellement avec la mise en scène.
Là ou d’autres auraient peut être étalé le récit, amplifié les violons,… lui reste au sol, et filme avec la plus grande simplicité et sobriété le point de vue de l’enfant sur cette situation, sans pour autant délaissé les adultes, ni les juger définitivement. Car en plus d’être un cinéaste habile, Fleischer est aussi subtil. Et s l’on peut penser, au début, qu'il va condamner la mère de la petite, c’est elle qui trompe son mari, en donnant le beau rôle au père, on s’aperçoit bien vite que son approche est en fait bien plus subtil. Et il parvient à toucher à quelque chose de très difficile, retranscrire à la fois le regard de l’enfant et le regard sur l’enfance. L’enfant face à sa peine, son incompréhension, son sentiment de trahison, de désamour, de haine, et face à la cruauté à la fois du monde des adultes (on peut citer par exemple cette scène terrifiante au tribunal) mais aussi au monde de l’enfance : toutes ces scènes incroyables mélange d’innocence et de maturité, où les enfants jouent à l’extérieur tout en s’échangeant des phrases très dures et implacables sur leurs situations familiales.
Superbe film.
Teklow13
8
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le 30 avr. 2013

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Teklow13

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