D’entrée la tragédie est annoncée : les indiens affamés ont massacré le fort. L’action de CHUKA est donc un long flash back sans happy end. Elle se situe majoritairement dans cette enceinte abandonnée du haut commandement, terminus de tous les ratés de l’armée Yankee. Dans cette galerie de personnages peu reluisants arrivent un tueur et deux femmes, les passagères de la diligence, que l’officier supérieur refusera de laisser repartir. Sans jamais renier l’action (l’apparition fantomatique des indiens dans la brume, la bagarre d’anthologie entre Chuka et le sergent, l’attaque finale), Douglas va décrire avec soins les tensions et relations ambigües, exacerbées par la contrainte concentrationnaire de l’endroit : fort minuscule dont ils ne peuvent sortir car cernés par les indiens. Et curieusement ce sont les scènes d’actions qui apportent une certaine respiration à l’ensemble, tant l’exposition des turpitudes passées et présentes est irrespirable. Pellicule et musique de qualité soutiennent un casting central remarquable : Rod Taylor (alors au faîte de sa notoriété), Ernest Borgnine et Luciana Paluzzi. Par contre James Withmore et John Mills en font des tonnes comme beaucoup de second rôles et c’est bien dommage car cette surenchère donne parfois au film un aspect braillard (scène du repas par exemple) qui, paradoxalement, atténue la tension.
Au risque de rabâcher, Douglas est un metteur en scène sous estimé et souvent par méconnaissance de chef d’œuvres comme RIO CONCHOS ou THE DETECTIVE et de petits bijoux ignorés comme SYLVIA (L’enquête) ou CHUKA. Seul THEM ! (Des monstres attaquent la ville) semble aujourd’hui reconnu alors qu’à mon sens c’est le moins bon de ses cinq grands films, mais je n’aime pas les films de bestioles.