Un long métrage qui met à terre l’image du lion inébranlable et plein de certitudes. On voit ainsi un Winston Churchill, vieilli, fatigué et toujours aussi irascible douter. Alors que le dénouement de la Seconde Guerre mondiale se rapproche, le héros de l’Angleterre semble être en perte de repères. Désorienté par son vécu d’ancien militaire, l’ancien premier lord de l’Amirauté est tourmenté par les souvenirs du passé qui le hantent ; lui qui a connu les guerres coloniales et la Grande Guerre.
Près de 1h30 de film présentant un Churchill en plein doute, rongé par le souvenir des Dardanelles (échec militaire dont il a pourtant été lavé par une commission spéciale), qui craint que l’opération Overlord connaisse le même dénouement.
90 minutes qui mettent la statue du commandeur à terre pour mieux offrir la vision d’un Churchill humain, soucieux de gagner la Guerre, soucieux des vies humaines engagées. Cela pourrait être plus agréable si l’opération de démantèlement ne fracassait pas la légende que l’histoire a consacrée.
Un film très psychologique, qui montre un homme vieillissant et usé par le pouvoir, qui s’y accroche, qui veut être l’homme providentiel et non l’objet des autres : militaires, peuple, famille royale, collaborateurs, épouse... Sans doute est-ce cela qui a freiné mon engouement car l’essentiel du film est là…
Un film qui pourtant est extrêmement stylisé et esthétique. La photographie est poétique, recherchée, efficace. Les choix opérés de lumières et d’ombre, les prises de vue en intérieur ou en extérieur sont pertinents et viennent donner plus de force à l’image et à l’histoire. Les plans larges et resserrés viennent sublimer la grandeur ou la décadence du personnage. La bande son enfin porte magnifiquement la tension de certaines scènes ainsi que les silences, notamment lors des séquences où Churchill est face à la mer.
Dans l’ensemble, Churchill peine à convaincre. L’absence d’un scénario efficace et dynamique est tout juste corrigée par un style, une esthétique et un jeu d’acteur impeccable.