« Hush… Hush, Sweet Charlotte » est un étonnant thriller psychologique, qui démarre avec un meurtre très graphique dans une demeure sudiste des années 20. Après cette introduction digne d’un giallo, l’intrigue se déroule 37 ans plus tard, alors que la riche Charlotte, suspecte du meurtre en question, perd les pédales et voit son terrain saisi par l’Etat, pour construire une route. Sa cousine débarque à ce moment pour lui venir en aide…
Bette Davis, à peine sortie de son rôle de psychotique dans « What Ever Happened to Baby Jane ? » (du même réalisateur), incarne donc ici Charlotte, femme marquée depuis quatre décennies par la vision d’un amant massacré, et par la culpabilité que tout le monde lui prête. Elle s’avère excellente dans son basculement agressif et progressif vers la folie et la paranoïa. Face à elle, on remarque une Olivia de Havilland dans un contre-emploi intéressant. Pour l’anecdote, le rôle devait être tenu par Joan Crawford, l’éternelle rivale de Betty Davis !
Outre ses acteurs, le film tient allègrement la route sur la forme. S’il on regrette peut-être une mise en place par moment lente passée l’introduction, « Hush… Hush, Sweet Charlotte » est une œuvre indéniablement maîtrisée. Les séquences horrifiques sont particulièrement réussies, Robert Aldrich jouant sur les intérieurs inquiétants d’une grande demeure sudiste, des éclairages inspirés, et des plans à la limite du baroque. Et le scénario vénéneux livre son lot de surprises…
Un peu oublié aujourd’hui, il s’agit donc d’un thriller intéressant à (re)découvrir.