Allez, je monte à 8/10 après hésitation, car si pas mal d'aspects me dérangent, "Nuovo Cinema Paradiso" est quand même un film qui marque les esprits, dont on se souvient longtemps après l'avoir vu. Déjà parce que ça parle de cinéma (avec de nombreux extraits de grands films), donc forcément, lorsqu'on est un peu cinéphile...
Bien secondé par le grand Morricone à la musique, Giuseppe Tornatore illustre l'évolution d'un petit village sicilien à travers son rapport à la salle de projection locale, de l'après-guerre aux années 80. On pense souvent à Felllini, dans cette façon de filmer de longues séquences juxtaposées par des ellipses temporelles, en traquant la dimension burlesque de l'existence, à travers des personnages pittoresques et caricaturaux.
A cet égard, j'aurais préféré que les deux héros bénéficient d'une écriture plus subtile, moins outrée, avec un Philippe Noiret cabotin et une jeune Salvatore qui mise tout sur sa bonne bouille.
Tornatore vise le grand public et ça se voit, le film apparaissant volontiers tire-larmes voire carrément niais (la partie adolescente, portée par un comédien médiocre).
Au final, je préfère retenir la fresque cinématographique, souvent bien sentie et émouvante, et formellement impressionnante (avec de fréquentes trouvailles de mise en scène, à l'image de la très belle séance nocturne en extérieur, suivie d'un spectaculaire incendie).
A noter que j'ai vu "Nuovo Cinema Paradiso" dans sa version internationale, qui comporte déjà quelques longueurs : je crains que la version longue ne s'avère franchement indigeste.