En l'espace de 13 mois, 3 films de Soi Cheang auront déboulé sur les écrans français, de Limbo à City of Darkness, en passant par Mad Fate. Du nanan pour les amateurs de cinéma hongkongais, que l'on croyait moribond, et que Soi Cheang semble vouloir régénérer à lui tout seul. Les aficionados de castagne sont les premiers concernés par City of Darkness et les plus réticents aux films d'action devront bien reconnaître la virtuosité des bagarres, dûment chorégraphiées, même s'il y a une surenchère en la matière, en s'éloignant du réalisme pour toucher à l'épique. Bluffants aussi sont les décors reconstituant la Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres, dans les années 80, et vouée à la destruction un peu plus d'une décennie plus tard, avec la rétrocession de Hong Kong. Dans un tel chaos architectural, le poids de l'intrigue passe au deuxième plan, malgré ses visées politiques et sociales, comme un rappel des manquements du colonisateur britannique de l'époque. De vengeance, il est forcément question, avec un héros qui se relève de tout et des méchants, plus ou moins patibulaires, à foison. Cela manque un peu de présence féminine, tout de même, mais le film est destiné prioritairement à un public qui n'attache sans doute pas beaucoup d'importance à ce constat.