Un bon film de combats venu d’Asie et distribué dans nos contrées en salles, ce n’est plus si souvent. Alors quand, en plus, il a le prestige d’avoir été sélectionné à Cannes hors compétition, on est très curieux de voir la chose. « City of Darkness » semble d’ailleurs parfois rendre hommage à tout un pan de ce genre presque bis qui a fait les grandes heures du cinéma hong-kongais des années 80 et 90. D’ailleurs, l’intrigue se situe au début des années 80 dans une citadelle ayant réellement existé au sein de l’ancienne colonie britannique. Même si le film n’a rien de géopolitique et que cela reste purement contextuel, celui lui confère un certain charme à l’ancienne, plutôt intéressant. En gros, c’est comme si l’on assistait au dernier avatar oublié d’un style de cinéma moribond et dont on se gargarise de la nostalgie.
Durant les deux premiers tiers du film, on est d’ailleurs conquis en dépit d’une énorme coïncidence qu’on ne révèlera pas, destinée à faciliter l’avancement de l’intrigue. Les acteurs sont charismatiques au possible et leurs personnages ont beau être écrits grossièrement, leur look et leurs aptitudes personnelles en font des combattants impressionnants et des protagonistes intéressants (mention au beau Chin). Surtout que les combats nous en mettent plein la vue, d’autant qu’ils sont fondus dans un décor incroyable qui ferait presque figure de personnage à part entière. En effet, la citadelle de Kwoloon avec ses couloirs minuscules et labyrinthiques, son bordel de ruelles et de câbles est un véritable paradis de cinéma pour ce type de films. Un endroit qui en met plein la vue, à la fois répugnant et majestueux. Et le réalisateur Soi Cheang (« Limbo ») explore impeccablement toutes les possibilités topographiques et graphiques de cet immense capharnaüm jusqu’à tous les accessoires qu’on peut y trouver. Les combats en sont d’autant plus originaux et dantesques, chaque recoin ou objet pouvant être une arme ou une occasion de se sauver.
Si l’histoire demeure assez basique, à base de vengeance entre gangs et trahisons, voire attendue, on est plutôt conquis. Malheureusement, le dernier tiers devient un peu lassant faute de réel renouvellement des enjeux et une grosse scorie vient entacher la fête. L’intrigue, le lieu et les personnages sont inscrits dans un contexte réaliste. Mais, plus le film avance, plus les combats deviennent surréalistes et totalement improbables, comme si on finissait « City of Darkness » sur un mode « Tigre et dragon » ou « Dragon Ball Z ». Au début, quelques cascades tiraient dans ce sens sans que cela soit trop préjudiciable mais dès que le super méchant propose des pouvoirs presque magiques, cela n'a plus vraiment de sens et rend le tout bien moins satisfaisant. Et, au final, on se désintéresse de ces combats pourtant monstrueux et bien mis en scène. C’est un peu dommage que le film prenne cette direction. On est donc loin de l’étalon maître récent du genre en la matière, l’extrême, radical et magistral « The Raid 2 ».
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.