Il a l’air gentil comme tout, Clean, l’éboueur solitaire…
Il nourrit le chien errant de la casse auto, il fait de la récup’, il bricole, il participe gentiment aux réunions façon Alcooliques Anonymes, il repeint les façades vandalisées (par les tags des poètes rappeurs) d’un quartier en proie à l’abandon, la violence, la corruption… et, surtout, il veille sur sa jeune voisine — cuisine pour elle, même.
C’est que Dianda lui rappelle quelqu’un…
Brody Double
Pas touche à Dianda, donc, sinon le cauchemar pourrait bien débarquer chez les voyous qui ignorent qui est réellement ce boueux de Clean.
Adrien Brody et son regard toujours aussi pétillant de joie — depuis Le Pianiste, il semble poursuivi nuit et jour par un SS-Obersturmführer — n’est pas à contre-emploi dans ce film gai comme une fin du monde.
Concocté à base de vieilles recettes (rarement bien exploitées ailleurs), Clean s’en sort honorablement grâce à des subtilités, une savante gestion de la tension et de la progression, une attention portée aux détails et un refus du manichéisme qui font très souvent défaut dans ce genre de films.
Même pour ce qui est des scènes d’action (pas toujours crédibles/réussies), la complaisance dans la violence est évitée : ç’a beau cartonner grave — John Wick est une chouquette en comparaison —, le réalisateur Paul Solet refuse de s’affaisser dans le gore.
Le pauvre Chinois qui se fait éclater la tête à coups de marteau, on ne le voit pas… quand d’autres cinéastes auraient pris un malin plaisir à faire un plan (même court) sur la boîte crânienne qui explose et/ou en brioche…
Clean nous rappelle par ailleurs que dans ce monde d’une laideur sans nom un individu mentalement costaud (le physique suit), volontaire et altruiste peut, à son niveau, où il se trouve, empêcher le Mal de définitivement prendre ses quartiers…