Je suis restée scotchée de bout en bout. Pourtant, je regardais Cléo de 5 à 7 à reculons, tellement j'avais été agacée par Godard, autant qu'ennuyée. Alors en ce qui concerne la Nouvelle Vague, je n'avais plus beaucoup d'espoir. Mais ce sens du ton comme une ligne qui ondule, tantôt fraîche comme la musique, tantôt à me faire pleurer ; et ces belles robes qui se découpent dans la ville ; et ces cheveux qui en cachent d'autres ; et chacun de ces passants tout à la fois comme un tableau, une photo documentaire et une émotion curieuse ou distraite imprimée sur l'écran !
Alors certes, j'ai du mal avec ces joyeux messieurs qui abordent les femmes et qui s'accrochent à leur vie en un clin d’œil, tout comme Cléo m'a agacée par son ouverture aux autres : dans la vie et avec les beaux parleurs, il faut se méfier. Mais j'ai sympathisé avec cet homme et son costume carré, et quand est arrivée la fin du film, je le tolérais. J'ai sympathisé avec les décors, les chatons, l'entourage de Cléo.
J'avais vraiment peur d'abandonner le film en plein milieu et de ne jamais comprendre Agnès Varda ; je ne sais pas si je la comprends dorénavant, mais il y a eu un petit bouleversement. Je voulais savoir jusqu'où irait cette promenade dans le mystère, et je n'ai pas été déçue : il n'y avait aucun mystère, juste la beauté de se faire mener d'un bout à l'autre de Paris et d'un film, et de pouvoir imaginer la suite.