Climax est un film profondément dérangé et dérangeant, une expérience singulière qui ne laisse à aucun moment le spectateur respirer, une descente aux enfers qui passe par les abysses du vice humain et où il n'y a qu'une seule échappatoire: la neige d'une matinée ensoleillée.
Pouvant s'apparenter pour certains à un grand clip d'une heure trente-cinq dû à ses longs plans-séquences et à ses chorégraphies dansées plutôt hallucinantes (la scène d'intro bon sang), Climax a le mérite d'être un vrai film exposant des parallèles plutôt intéressants entre la drogue et les relations humaines, l'enfance et le défaut parental ou encore la danse et la folie.
Alors oui, ça ne plaira certainement pas à tout le monde. Et notamment dans la forme, ah ça il aime bien le Noé ; tourner la caméra dans tous les sens, la malmener comme il malmène ses personnages, faire des plans gerbants vus du dessus... Eh bien là où certains verront dans ces plans une vaine tentative de forme spectaculaire pour combler des poursuites scénaristiques minces, j'ai trouvé que ces facilités techniques étaient assez justifiées et plutôt indispensables quant au propos du film. Ici on pointe du doigt la bêtise humaine, la soif puérile de contrôle, alors pourquoi pas donner la nausée au spectateur dans la forme puisque le fond fait déjà le travail ?
Certains seront peut-être également dérangés par le propos, trouvant les thèmes abordés faciles et vulgaires (sexuellement élogieux). En tout cas je ne regrette aucunement d'avoir fait les frais de cette expérience déroutante et psychédélique, quelque peu subversive et allant jusqu'au bout de ses idées.
Gaspar Noé est un cinéaste fier de lui, fier d'être français, fier de ses inspirations diverses et fier de son univers torturé ; et ça on ne peut le lui reprocher. Ce que j'ai à ajouter est qu'il peut être fier de son nouveau film, qui amène des thématiques sociales intéressantes et une expérience cinématographique assez hallucinante.