J'ai vu Climax de Gaspar Noé hier, chez moi mais j'ai un projo...C'est une expérience particulière. Le film, plus précisément sa deuxième partie, n'est pas sans rappeler "mother!" de Darren Arronofsky, seulement ici intensifié une bonne centaine de fois.
Avant de commencer, je dois avouer que cela fait plaisir de voir Boutella jouer en français à nouveau, après sa récente montée sur la scène internationale, principalement américaine.
Son jeu d’actrice est d’ailleurs nettement meilleur que dans les rôles américains (même lorsqu’elle y joue une française); peut-être est-ce dû au fait qu’elle est dans son élément, étant danseuse à la base.
Les 20 premières minutes sont génialissimes et totalement hypnotiques, donnant envie de se livrer à cet univers de danse et ce, même si on y est complètement étranger.
Gaspar Noé dresse un portrait - à partie pris - de la France, du communautarisme qui commence en utopie pour finir par une apocalypse.
Le monde en 3 étapes: un commencement de 20 minutes, une observation des réalités qui en découle, et une fin du monde en 1h.
Ici, il est question d'une France - peut-être d'un monde - ou le multiculturalisme est un échec, illustré par la technique de Noé, qui se laissera d'ailleurs allé à rappeler un mélange de Enter The Void avec cette impression de la caméra clignant des yeux, comme si un narrateur omniscient mais silencieux observait les événements; avec Irreversible, pour ce plan séquence de 45 minutes lors du troisième acte.
Non sans écueil: longueurs voulues, le cadre du film semble parfois être un prétexte pour marcher, boîtant peut-être, la ligne entre masochisme et voyeurisme.
Climax n'en reste pas moins immersif et parfois rendant le spectateur coupable et dégouté: coupable d'assister impuissant à se spectable de d'apocalypse, et dégouter, pour la première partie, de ne pas faire partie de cet univers de danse déjanté ou, le temps de quelques chansons, les différentes cultures sont si pas oubliées, mises de côté au profit d'un tout, de quelque chose de plus grand.
C'est pourquoi, malgré la descente aux enfers, on ne peut nier la synergie, l'absolutisme et l'unité grandiose qui se dégage de cette troupe de danse...lorsque les gens sont à leur meilleur; lorsque la musique est bonne, bref lorsque tout va bien.
Seulement voilà, il suffit alors d'un événement pour qu'une civilisation, un microcosme s'émiette, lentement mais surtout sûrement.
Cette sensation que le monde est réellement en train de s'effondrer est particulièrement réussie, grâce au cadre voulu, un immeuble et donc huis-clos dont, malgré l'apocalypse évident, l'on ne sort pas, à moins d'en être éjecter. C'est qu'on l'aime, notre monde, malgré ses défauts, ses dégats, malgré les autres même. On cherche refuge dans d'autres pièces, on en enferme contre leurs grés pour les protéger des autres, on casse tout, on se brûle, littéralement...mais on y reste.
Certes, le partie pris peut susciter les passions, mais ce film qui le dit si bien lettres capitales et en gras dès le début “UN FILM FRANCAIS ET FIER DE L’ÊTRE”, fera se retrouver plus d’un dans ce portrait d’une société qui a essayé, mais qui est en train d’échouer et ce, peu importe à qui la faute...la fin du monde a lieu pour tous.