Gaspar Noé est de ceux qui envisagent le cinéma dans sa forme artistique la plus pure. Un déferlement de sensations, de mouvements et d'émotions tourbillonnant en 24 images secondes pour nous emporter. Le but avoué, de plein pied dans l'expérimental, ne se situe pas dans ce qu'il raconte mais de comment il le raconte. On pourrait objecter qu'un film se doit pourtant de dire des choses. Mais tourner avec un script rudimentaire n'a jamais empêché de livrer des joyaux qu'on prend toujours plaisir à décortiquer. Il suffit de voir la belle bibliothèque d'œuvres que Climax exhibe dans ses premières minutes pour comprendre qu'il s'agit de celle de son auteur.
Le problème qui se pose avec Gaspar Noé selon moi, c'est que je continue à trouver l'expérience terriblement creuse. Il parait bien évident que le réalisateur entendait donner une petite idée des propriétés hallucinogènes et effets néfastes de la drogue. Très bien. Mais ça, il l'a déjà fait par le passé (et plutôt bien avec Enter The Void).
Climax ressasse inlassablement le maniérisme de son cinéaste : drogue, sexe et envolées pseudo philosophiques (les cartons à base de citations pachydermiques ouvrant chaque partie).
Passé la première partie, plutôt belle sur la forme, la deuxième ne suscite qu'une profonde lassitude en moi. Je ne discute pas l'investissement des comédiens (tous très bons), mais la finalité plus que discutable d'un film à l'intérêt plus que limité. Gaspar Noé vit le cinéma comme un lieu d'expérimentation, et chacun de ses films tend à aller vers plus d'abstraction. La limite de ce type d'approche, si elle n'a presque plus aucun fil narratif, peut être ironiquement de réprimer les émotions au lieu de les déclencher.
Ce qui est le cas de Climax pour moi. La seule émotion que j'ai ressenti s'apparente à l'ennui. Il voulait me happer, il aura juste réussi à me faire bailler.