I know you like trains. Don't you wanna see one for real?
Après Crooklyn, sa petite parenthèse familiale (mais bien plus politique qu’il n’y paraît), Spike Lee retournait au thriller avec l’adaptation du roman de Richard Price, Clockers.
Point de comédie dans ce film-là, Spike Lee parle du trafic de drogue qui envahit les rues de son quartier d’enfance sous couvert d’une enquête pour meurtre qui se transforme peu à peu en une véritable étude du trafic. En suivant le personnage de Strike, personnage antipathique mais complexe, il parvient à faire passer son message de la manière la plus désespérée qu’il soit, sans que cela nuisse au film. Au contraire, ça le sert, montrant le trafic comme une entreprise qu’aucun policier, aussi bien intentionné qu’il soit (l’immense Keith David, en figure paternelle lasse mais qui a toujours espoir en Strike) ne pourra faire tomber sans en payer le prix. La mise en scène de Spike Lee fait merveille ici, avec tous ses gimmicks de réalisation, au service d’un propos désenchanté et pourtant incroyablement passionnant. La galerie de personnage qu’il présente est interprétée par un ensemble cast excellentissime, du plus jeune, Peewee Love, au plus proche de la mort, Thomas Jefferson Byrd, qui y joue un meurtrier accro au crack atteint du Sida qui terrorise tout le quartier. Ajoutez-y une bande-son incroyable, entre classiques instantanés du hip-hop et un score de Terrence Blanchard.
Vous avez Clockers, le meilleur film de son auteur jusque-là, un chef d’œuvre intemporel qui tirerait des larmes à un arbre et qui frappe fort et précis là où ça fait mal. Génie.