Un Film D'une Lourdeur
Club Zero, malgré ses ambitions apparentes, tombe rapidement dans le piège de la prétention, en essayant d’être bien plus profond qu'il ne l’est réellement. Hausner semble vouloir offrir une...
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le 17 sept. 2024
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J'ai pour habitude ou, du moins, j'essaie d'avoir pour habitude (oui, je confesse quelques entorses !), qu'importe mon degré de détestation à l'égard de l'œuvre en question, d'éviter d'écrire de ne pas aller voir un film. J'estime que c'est à chacun de se faire sa propre opinion. Mais, là, je me dois de faire une grosse entorse, pleinement volontaire, pleinement réfléchie, à cette règle. Si vous êtes sujet à de graves problèmes psychiques liés à la nourriture ou qu'un de vos proches en a, SURTOUT N'ALLEZ PAS VOIR CE FILM OU N'EMMENEZ PAS VOTRE PROCHE LE VOIR. Involontairement, parce que la réalisatrice est une inconséquente totale, l'ensemble dégage un propos dangereux, toxique.
Il y a des sujets, comme le suicide, comme la dépression, comme les addictions, à la drogue, à l'alcool, au sexe, comme le viol, comme l'inceste qui ne peuvent pas être traités n'importe comment. Les troubles du comportement alimentaire en font partie aussi. Il faut les prendre extrêmement au sérieux.
Club Zero nous dépeint un groupe de jeunes adolescents, faisant partie de l'élite, élèves dans une école de riches, qui tombent sous l'emprise d'une jeune professeure de nutrition, les encourageant à adopter des régimes ultra-stricts, pour finir carrément par leur demander de se priver complètement de nourriture.
Bien sûr qu'on nous les montre se mettant en danger (l'un passant même par la case hôpital !), en se faisant laver le cerveau par une personne d'apparence angélique, rendue encore plus redoutable par le fait qu'elle pense elle-même servir le bien. Bien sûr que l'on se moque de ces parents qui parvienne à se comporter à chaque fois de la manière la plus débile du monde. Bien sûr que la scène dans laquelle une des jeunes filles victimes se nourrit de son vomi provoque l'écœurement.
Et il y a la fin... là, je spoile, vous arrêtez la lecture ici si vous le voulez, mais c'est la raison pour laquelle je qualifie ce film de dangereux. Alors la fin... je spoile, je vous préviens une dernière fois, la fin, donc, suggère un suicide collectif (je passe vite fait que l'on passe d'un sujet grave, les troubles du comportement alimentaire, à un autre, le suicide, par la magie d'une ellipse, sans rien creuser à ce niveau-là, sans l'amener d'une quelconque manière et qu'il est très brièvement insinué que la professeure aurait une liaison avec un de ses anciens élèves mineurs... non, ça aussi, ce n'est pas un sujet grave, on peut le traiter par-dessus la jambe !). La professeure et quatre de ses élèves sont dans une sorte de monde édénique, comme si ce que ces êtres ont fait était quelque chose de positif, amenant au Paradis, le tout suivi d'une conclusion avec les parents, déboussolés par la disparition de leur progéniture, sans remettre en question quoi que ce soit, ayant l'air de commencer à tomber eux-mêmes dans cette idéologie mortifère. Je ne doute pas qu'il y avait une intention satirique de la part de l'inconséquente derrière la caméra. Mais le parti pris intelligent, qu'il fallait absolument adopter, était de filmer frontalement les conséquences tragiques que la privation complète d'aliments provoque. Ne pas laisser place à la plus petite parcelle d'ambiguïté. Bien faire comprendre qu'il ne faut absolument pas faire cela.
Vous qui avez un rapport un minimum sain avec la nourriture, vous allez me dire que, évidemment, ne pas manger du tout est une chose dangereuse, que je n'ai pas besoin de vous faire la leçon, que vous êtes capables de saisir cette évidence bien évidente par vous-mêmes.
Ouais, d'accord, mais celles et ceux qui souffrent de troubles du comportement alimentaire ?
Ils vont vouloir comprendre ce qu'ils ont envie de comprendre. Ils vont prendre tout cela comme une confirmation qu'ils ont raison de se priver de nourriture. La séquence écœurante du vomi ? Oh, c'est une merveilleuse idée pour se dégoûter encore plus de manger. À partir de maintenant, je vais faire pareil. La séquence édénique ? C'est une métaphore qui suggère qu'ils vivent pleinement heureux et équilibrés. Ils ont trouvé la plénitude physique et psychologique. J'ai trop hâte d'atteindre le même état d'esprit. La fin avec les parents qui sont cons ? Ben ouais, ils sont cons parce qu'ils ne comprenaient pas que ce que l'on fait est bien. Heureusement, pour eux, qu'ils commencent à en prendre conscience. La scène dans l'hôpital ? Ben, c'est uniquement parce qu'il n'a pas pris son insuline qu'il a atterri à cet endroit et pas pour autre chose. Vous voyez, se priver de nourriture ne présente aucun risque pour la santé. Le bref message d'avertissement au début ? Vite oublié ! Le message d'avertissement dans les toutes dernières lignes du générique de fin ? Vous croyez que la grande majorité des spectateurs ne se sont pas déjà barrés de la salle à ce moment-là ou n'a pas coupé le film avant s'ils le visionnent de chez eux.
Je croise les doigts pour que ce truc dangereux tombe le plus vite possible dans l'oubli le plus total pour ne plus jamais réapparaître, en espérant (sans me faire d'illusions !) qu'aucune personne victime de troubles du comportement alimentaire pose les yeux dessus un jour. Et je croise aussi les doigts pour que l'inconséquente derrière la caméra n'aborde plus jamais de sujets graves.
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Créée
le 30 sept. 2023
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