Faut pas se leurrer, lorsque tu empruntes le tunnel Cogan, tu sais d'emblée et malgré les détours que le futur proche sera plus dégueulasse qu'une fin de saison de Marseillais.
Même si, au bout, tu crois apercevoir la lumière, tu sais qu'il n'y aura pas d'embellie.
Que c'est mort.
Faut dire la vérité, il y a des endroits où, même le jour, t'as l'impression que c'est la nuit.
Et inversement.
Comme si le soleil le sentait pas de traverser, comme s'il préservait ses rayons.
Pourtant, tu vois bien qu'il y a quelqu'un, ça bouge.
Toujours les mêmes cafards qui s'accrochent à la même mascarade de poudre et de sang.
C'est pas comme si tu savais pas où tu mettais les pieds.
Toujours les mêmes carcasses qui flottent dans l'atmosphère viciée pour finir abîmées, trouées, concassées sur le macadam.
Une série B noire, maquillée à gros traits, travelo parabole de l'Amérique d'aujourd'hui.
Parfois malhabile, boursouflé mais pas trop, le film est sauvé par des acteurs bien disposés et une faconde visuelle aux saillies fulgurantes.