La CHRONIQUE MECANIQUE de Cold In July
Un homme ordinaire, père de famille sans histoire et commerçant honnête d'une petite ville texanne, doit faire face, bien malgré lui, à une violence qu'il ne connaissait pas lorsqu'il abat un cambrioleur qui s'était introduit chez lui en pleine nuit... Certes efficace mais incroyablement disparate, "Cold in July" se divise clairement en deux parties très inégales : après une entame séduisante et maîtrisée, ce thriller sombre inexplicablement par la suite et perd au final beaucoup d'intérêt...
Après trois films d'épouvante pas vraiment géniaux mais pas vraiment mauvais non plus, Jim Mickle change son fusil d'épaule pour désormais viser vers le thriller. Il livre ainsi un polar à la sauce 80's à la fois âpre et dramatique, où il aborde le thème, déjà bien connu, de l'homme tout ce qu'il y a de plus lambda se retrouvant aux prises avec un monde fait de violences et de corruptions qu'il ne connait pas. Son postulat de départ trouve écho aussi bien chez John Carpenter (pour l'imagerie froide et soignée, pour le traitement épuré, mais aussi pour la bande-son au synthétiseur) que chez David Cronenberg (difficile, en effet, de ne pas penser à l'excellent "A history of violence" devant un pitch comme celui-là). On peut même penser au cinéma des frères Coen par instants. La première moitié de "Cold in July", très réussie, met donc en scène un gentil péquenaud en chemisette, moustache et nuque longue, qui se retrouve jeté en pâture à la pernicieuse morale du pays des cow-boys : le deuxième amendement, la légitime défense, ou lorsque tuer fait de vous un héros, un homme, surtout si c'est pour protéger la sacro-sainte famille américaine. Mais, comme il est écrit dans la Genèse : « Celui qui fait couler le sang d'un être humain, un autre humain fera couler son sang. En effet, Dieu a créé les humains à son image». La scène d'exposition, avec ce travelling arrière sur les traditionnelles (et pathétiques) photos de familles ornant fièrement la cheminée, lesquelles se retrouveront moucheter de sang quelques instants plus tard, en est la preuve.
Après son triomphe dans la série "Dexter" pour laquelle il a glané un Golden Globe du meilleur acteur, Michael C. Hall chausse une nouvelle fois les gants d'un justicier, certes bien plus timoré ici que l'expert de la police scientifique de Miami qu'il campait pour Showtime. Mais une nouvelle fois, il est question là dans la justice des hommes contre celle des institutions. Même si on remarquera que Michael C. Hall n'a toujours que deux, voire trois, expressions au compteur pour faire vivre tout ça. A ses côtés, Sam Shepard s'en sort plutôt bien dans le rôle de son pendant opposé, c'est-à-dire le patriarche taciturne et inquiétant au passé criminel bien rempli, et Don Johnson fait du Don Johnson dans le texte. Il cabotine autant qu'il peut, même si on ne pourra pas lui enlever qu'il le fait plutôt bien. Quant à Vinessa Shaw, en épouse gentille et effacée, force est de constater que son personnage est des plus... effacé. Et aurait peut-être mérité plus d'épaisseur.
L'ennui, c'est qu'après cette première moitié à la tension captivante et à l'ambiance souvent pesante, "Cold in July", désireux de multiplier les effets de surprise et les rebondissements, s'effondre lamentablement dans son second acte. Il prend dès lors la très étrange et surprenante tangente d'un vulgaire shoot'em up à mi-parcours. Les thèmes initiaux et l'aspect dramatique sont laissés au placard. Place aux grosses pétoires et à une violente histoire de vengeance aux faux airs de tragédie, qui vire vite à l'absurde, aussi bien dans le fond (sa morale douteuse) que dans la forme (il reste très efficace mais ne se comporte plus que comme un film d'action, omettant le côté thriller dramatique du début). Après nous avoir bien chauffé, on peut dire que "Cold in July" nous laisse finalement froid.
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