Love story d’une beauté terrassante, Cold War nous transporte sur une quinzaine d’années dans l’Europe d’après-guerre entre la Pologne et Paris, alors que les prémices de la guerre froide se font sentir.
Filmé dans un noir et blanc éclatant et profond, Cold War fait de chacune de ses scènes des photographies d’art, bouleverse par la composition de ses plans et la précision d’un scénario resserré ne craignant pas les ellipses.
Une histoire d’amour passionnée et brûlante, autant marquée par le contexte politique que par les musiques qui accompagnent ses amants dans cette période troublée. Des chants populaires des campagnes polonaises aux notes de jazz des cabarets parisiens enfumés en passant par les écrasants hymnes de propagande, cette musique aussi vibrante que diverse est profondément enracinée dans la romance contrariée que partagent Zula et Wiktor.
En choisissant une nouvelle fois de tourner en 4/3 après l’austère Ida son précédent film, Pawel Pawlikowski dépasse le simple artifice esthétique. Il réduit l’espace dans lequel s’exprime ses personnages, renforçant ainsi aux yeux du spectateur leur intimité et la puissance du lien qui les unit, sans figer leur histoire qui respire constamment d’une vigoureuse intensité. Des personnages forts, romanesques et entiers qui s’aiment autant qu’ils se déchirent, se quittent pour mieux se retrouver et interprétés par des acteurs lumineux.
Avec ce choix de mise en scène, Pawlikowski prend un parti pris esthétique radical et saisissant.
Et délivre un diamant magnifiquement taillé.