Après le fiasco narratif d’Ida, Pawel Pawlikowski, auréolé de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, remballe deux ans plus tard avec Cold War, « drame » romantique affligeant de fadeur et toujours dans l’incapacité chronique de susciter la moindre émotion. La faute à une réalisation suresthétisée qui déconnecte totalement les acteurs de l’histoire dans laquelle ils s’inscrivent.
Une impression que renforce cette histoire d’amour que le réalisateur polonais tente bien maladroitement de replacer dans un contexte social et politique qui manque cruellement d’épaisseur, de souffle. Répercussion logique sur la romance des deux protagonistes, la cruelle banalité qui se dégage de cette vadrouille scénique entre les deux côtés du rideau de fer ; tantôt marquée par la rigidité (toute artificielle) de l’administration socialiste ; tantôt par ce Paris tristounet des jazzmen, sans relief, qui en devient presque tragiquement comique tant il est éloigné de la réalité.
Une fois encore le noir et blanc et la réalisation millimétrée alourdit le propos du film et finit par le desservir. Et je ne parle même pas de la fin, nouveau ratage en règle qui m’a déclenché un rire nerveux. Vraiment, Pawlikowski a un don pour mal finir ses films, au sens propre.
Bon, après, je n’étais pas dans les meilleures conditions étant donné que je venais de voir Stalker ; à côté de ça, Cold War m’est rapidement apparu comme un m’as-tu-vu d’une vacuité (pour ne pas dire connerie) effarante. La mention « prix de la mise en scène » à Cannes aurait dû me mettre la puce à l'oreille.