Oyez, Oyez braves gens ! Enfin un pitch original pour un dessin animé ciblant les adolescents et leurs aînés !
Pour son second long métrage, Keiichi Hara adapte librement un roman d'Eto Mori. Dans un contexte bouddhiste, une âme déchue se voit proposer par Purapura, un guide « angélique », une mission de rattrapage : prendre pour six mois la place de l’esprit de Makoto Kobayashi, collégien de 14 ans, vacante depuis son suicide. Il devra réussir à le maintenir en vie et gagnera, en cas de succès, la possibilité d’une réincarnation. L’âme ignorant tout du contexte du décès, le spectateur occidental pourra, avantageusement, imaginer l’enfant simplement amnésique.
L’animation générale est de qualité. Les décors réalistes sont sans surprises, les dessins des visages trop stylisés et les expressions souvent maladroites, mais ce péché est véniel car l’important est ailleurs : seuls comptent les dialogues.
En quelques jours, le nouveau Makoto va être amené à partager le mal-être du gamin, à découvrir les raisons de son passage à l’acte, à exprimer sa colère, puis sa souffrance, à apprendre à s’ouvrir à l’autre, à renouer avec ses proches, à pardonner et à accorder sa confiance… Le film n’élude aucune des difficultés rencontrées par l’adolescent, aussi bien à l’école (passions non partagées, rackets, harcèlements, prostitution), qu’au sein de sa famille (absences, adultères, culpabilités). Une véritable thérapie, sans thérapeute. A croire que le Japon ignore tout du triptyque psychologue/psychiatre/psychothérapeute.
Une thérapie par l’amitié. Larmes et paroles enfin libérées.
PS A l’image d’Hayao Miyazaki, Keiichi Hara opère un joyeux syncrétisme entre les traditions japonaises et occidentales. Si la réincarnation est bouddhiste, le Grand patron bienveillant – la seconde chance offerte – et le guide-esprit semblent chrétiens.