Arrêtez tout : je crois qu'on a trouvé le film le plus original, voire le plus barré du XXIème siècle ! Franchement, qu'est-ce qui a pu se passer dans l'esprit de Nacho Vigalondo pour arriver à un tel résultat ? Commençant comme un « retour aux sources » mélancolique, « Colossal » se dirige par la suite vers quelque chose de beaucoup plus étonnant, mélange de culture asiatique et américaine dans une quasi-logique de jeux vidéos... Si vous ne savez quasiment rien sur le titre, je préfère ne pas vous gâcher la surprise, mais disons que c'est à la fois totalement WTF et finalement assez « crédible », pour peu que l'on accepte ce genre de postulat à base d'avatars monstrueux de l'autre côté du monde, dont l'explication provoquera sans doute quelques sourires (au moins y en a t-il une, acceptable si l'on adhère au principe de base).
C'est toutefois à travers les personnages que le réalisateur s'épanouit peut-être le plus, notamment à travers le lien étrange, pour ne pas dire troublant, unissant Gloria et Oscar, loin de ce que les premières minutes laissaient imaginer. L'évolution de leur relation est étonnante, pour ne pas dire inquiétante. Jason Sudeikis est excellent, mais Anne Hathaway rayonne dans un très beau rôle, l'un des meilleurs de sa jeune carrière. Son sourire, son charme irrésistible ne dissimule nullement une fragilité évidente, jusqu'à un dénouement « logique » mais assez émouvant. Une œuvre étonnante, assez inclassable qui, si elle aurait peut-être mérité une production plus ambitieuse (notamment dans les effets visuels, même si ceux-là peuvent plaire), apparaît vraiment séduisante, pour ne pas dire marquante : une réussite.