Le septième et dernier western de la fameuse association Budd Boetticher - Randolph Scott et non un des moindres. Pour Senscritique, ce sera la première critique de la série des sept westerns.
La première chose à dire est que c'est un film à petit budget et pourtant il est somptueux ...
D'abord, le scénario, plutôt subtil dans un cadre très classique, car les personnages se découvrent peu à peu, au hasard des confidences ou des réflexions, car la fin est amenée très progressivement et est surprenante pour qui regarde le film pour la première fois.
Ensuite des scènes extrêmement bien filmées comme par exemple la scène initiale où Randolph Scott négocie avec les indiens dans une atmosphère tendue. Je n'ai pas chronométré la scène mais elle dure au moins cinq minutes sans qu'il n'y ait une seule parole échangée ; Randolph Scott est au fond d'une petite vallée alors que les indiens dominent la scène eux mêmes filmés en contre plongée dans un splendide ciel bleu accentuant l'impression de danger (celui qu'on sent mais qu'on ne voit pas).
De même la scène au bord de la rivière où Nancy Gates, pas rassurée, entend des hululements puis, la caméra ayant quitté les lieux, on entend un grand cri alors que la rivière charrie le corps d'un des comparses.
Et puis il y a le sens que Boetticher donne au film : les deux jeunes, à la dérive, qui rêvent d'une vie plus calme ou plus normale où on n'a pas besoin de tuer pour vivre, le rôle empreint d'une grande sagesse de Randolph Scott avec son chagrin rentré mais dont sa quête sans fin ne lui apporte que la satisfaction du devoir accompli
Les indiens ne sont pas non plus stigmatisés : s'ils se montrent agressifs, ce n'est pas par nature mais uniquement par vengeance suite à un massacre perpétré contre un de leurs camps par des blancs.
Sans parler des petites trouvailles scénaristiques comme le bain forcé infligé par Randolph Scott à Nancy Gates pour la protéger, la rédemption finale de Ben Lane (Claude Akins), ...
La scène finale, magnifique de pudeur et respect, n'est pas sans ressembler à la scène finale de la prisonnière du désert, tout aussi magnifique dans un autre registre, avec John Wayne
Ce que je retiens de ce petit western qui ne dure que 75 minutes environ, c'est surtout la grande noblesse du cavalier solitaire Randolph Scott.