J’sais pas moi, avec toute la morosité nimbant le consensuel ambiant je commence moi-même à douter de ma capacité à me montrer réceptif à tous les codes de merde qui enserrent le cinéma plus ou moins commercial. Alors quand je me décide à mater un immense monument de la culture populaire, c’est encore pire.
Et forcément, l’expérience se montre d’autant plus édifiante quand son visionnage génère une gigantesque remise en question de tous les a prioris que tu peux avoir sur un genre cinématographique. À plus forte raison du côté du cinéma d’action, que toi-même avoue-le tu as le plus tendance à considérer comme de la grosse chiasse enveloppée de papier doré pour en embellir les contours.
Et pourtant, Commando demeure assez paradoxalement le meilleur exemple d’empilement de clichés qui ne sont efficaces que parce qu'il les a lui-même popularisés. Un cas assez particulier dans la mesure où le « plus » prend très largement le pas sur le « moins ». Incroyable, tout de même, de se rendre compte à quel point ce genre de film peut revendiquer la parenté d'une telle pléthore de stéréotypes tout en maintenant fermement ses distances avec leur soporifisme.
Rien que la scène finale, qui arrive en apothéose d’une débauche d’action dont la saveur dispute déjà à la force de représentation, s’impose en termes d’intensité dynamique et dramatique. En particulier au niveau de la confrontation finale avec Bennett : évidemment qu’il n’est pas assez con pour tomber dans le panneau du corps-à-corps avec Schwarzy. Pourtant il y cède bel et bien, pour les raisons les plus bancales mais pourtant les plus évidentes, en nous offrant dans la foulée une des meilleures scènes de 1v1 de l’histoire du cinéma.
Commando reste peut-être encore à ce jour l’un des meilleurs films d’action jamais produits dans la mesure où, au-delà de son statut de père fondateur d’une pléthore des clichés les plus envahissants du cinéma d’action, il affirme en beauté sa singularité par rapport à ses propres canons.
Trop nerveux pour prétendre à la branlette intellectuelle, trop insistant sur ses plans purement actioner pour se vouloir trop commercial, le montage clipesque du film l’impose malgré tout comme un exemple de rythmique cinématographique. Confrontations principale et secondaires imposent en effet un langage spectaculaire dont dépend l’économie de chaque plan d’un buddy movie grandiloquent au possible.
Grandiloquent mais heureusement – ou hélas, à vous de voir – à la mesure de sa réputation, avec les standards qui s’imposent en matière de spectacle. Ce qu’exploite d’autant mieux l’économie de chaque plan voulant mettre en valeur l’exotisme du sang versé sur les plus petites couleurs de plants de végétation dont l’esthétisme détonne avec le relâchement. Ou l'héroïsme de chaque personnage, de la coéquipière imprévue à la fifille à son papa transpirante de classe interstellaire.
Si, dans Commando, aucun twist, aucun n’est facile ni téléphoné, c’est justement grâce à une finesse d’écriture que lui envieraient les pires cliffhangers de l’histoire de l’animation.
Pour une indétrônable référence des réseaux sociaux, vous avouerez que c’est un comble.