Bon, évidemment, la référence qui saute tout de suite à l'esprit et que l'on ne peut pas ne pas mentionner, c'est Un jour sans fin. Sauf qu'ici, c'est une semaine sans fin, qu'il n'y a pas de marmotte, mais un pigeon qui s'écrase comme un con sur une vitre, signifiant ainsi, à chaque fois, que le même cauchemar recommence à nouveau, qu'il n'y a pas qu'une seule personne à se rendre compte de ce qu'elle est en train de vivre, mais plusieurs, et qu'ils s'en aperçoivent les uns après les autres.
Autant ce cher Phil Connors, protagoniste de la référence susmentionnée, dans son malheur, pouvait profiter de la situation pour s'offrir quelques délires plaisants, autant, là, non. On a affaire, ici, à un groupe de collègues, travaillant dans une boîte de publicité minable, sous la supervision d'un manager, tentant tant bien que mal d'apporter de la bonne humeur (plutôt mal que bien !). Ce qu'ils revivent, encore et encore, c'est la pression écrasante de leur boulot, avec son avalanche de tâches pressantes et assommantes. Là, il n'y a pas le moindre avantage, aucun plaisir. Même quand un personnage sort de son lieu de travail, c'est toujours pour répondre à un objectif en tant que salarié. Ils sont à ce point lobotomisés qu'ils ne songent même pas à s'échapper de cette prison, physiquement et mentalement. La réalisation clipesque, en mode le pied appuyant toujours à fond sur l'accélérateur, fait ressentir l'intensité de ce qu'ils subissent.
Difficile de ne pas y voir une satire de la société japonaise, pays dans lequel on vit pour travailler et pas l'inverse. Et (sans trop spoiler !) si l'ensemble ne remet pas en cause le collectif (c'est même tout le contraire !), ni tant que cela la valeur travail, c'est plus sur le fait qu'il n'ait donné aucun moyen de s'épanouir dans un monde professionnel déshumanisé, dans lequel il est impossible de pouvoir être celui ou celle qu'on est réellement, d'y accomplir des choses qui ont un sens, que le tout tire à balles réelles.
Si, à force de vouloir aller très vite, ce premier long-métrage du réalisateur Ryo Takebayashi souffre de quelques ellipses empêchant quelquefois la clarté et que, excepté l'actrice principale, Wan Marui, et l'acteur incarnant le manager, Makita Sports, la distribution manque un poil de charisme pour être mémorable, cette comédie cinglante réussit à être une invitation à s'arrêter quelques instants, à lever la tête de son ordinateur, à se demander qui on est et ce que l'on veut vraiment.