Pour la note d'histoire sponsorisée par Pierre Tchernia, il s'agit du premier film tourné en Cinémascope. Je me demandais aussi à quoi rimait l'introduction menée par Arthur Newman et son orchestre symphonique (merde, on n'est pas dans Ben Hur non plus). C'est juste ballot pour le pauvre violoniste tout en haut à gauche, qui ne rentre pas dans le cadre. Le mec le plus insignifiant du monde, quoi. On tourne en Cinémascope un plan super large sur un orchestre symphonique, et le gars compte tellement pour de la merde qu'il ne rentre même pas dans le cadre.
Bon bref, à part ça, Comment Epouser Un Millionnaire n'appelle pas une montagne de commentaires. Jean Negulesco s'est appuyé sur un scénario très classique, dans la bonne moyenne de ce qui sortait de l'usine Fox à l'époque. Petit plus bien appréciable, le film assume un léger cynisme décomplexé qui lui permet de mettre en avant trois protagonistes superficielles - mais pas totalement bien sûr - aux motivations moralement peu défendables.
Sous ses airs de comédie légère, il se pose tout de même comme une satire gentiment acide qui dézingue allègrement et affectueusement ses personnages féminins ET masculins. Ces dames courent après le vison et le diamant, complexent pour un rien, mais ont quand même un coeur (c'est pas moi qui le dit, c'est le film). Ces messieurs ont la bite chevillée au corps -encore heureux-, trompent leurs femmes, empilent le pognon, mais ont quand même un coeur. Sauf les chauves à moustaches. Eux c'est vraiment des enculés (c'est pas moi qui le dit, c'est le film, enfin pas comme ça, mais vous voyez l'idée).
Cynique mais légèrement caricatural donc. Pour autant, CEUM regorge de répliques particulièrement drôles, soutenues par un casting en tous points impeccable. Le trio d'héroïnes renvoie étrangement à un autre film tourné par Marilyn la même année, Les Hommes Préfèrent Les Blondes, auquel on aurait rajouté une blonde ingénue supplémentaire. Grable minaude, Monroe fait du Monroe - donc minaude aussi-, et la classe de Bacall, même odieuse, irradie en Technicolor.
Tout cela s'achève sur un happy end pas trop moralisateur, et surtout sur une démonstration de la puissance du Cinémascope : on peut enfin faire rentrer six acteurs dans le cadre. Et sans étau.