Très beau moment de cinéma que le voyage auquel nous invite le finlandais Juho Kuosmanen dans le Compartiment n° 6 du train qui relie Moscou à Mourmansk.
Une jeune finlandaise un peu paumée fuit sa vie agitée d'intellectuelle moscovite et se retrouve avec pour voisin de couchette, un rustre russe au crâne rasé qui picole et éructe.
Voilà, c'est tout, deux acteurs et rien d'autre dans le scénario.
C'est tout mais avec deux acteurs plus vrais que nature (le russe Yuriy Borisov est extraordinairement expressif alors qu'il ne ronchonne que quelques mots de ci de là) et avec tout le charme d'un beau moment de cinéma qui nous fait partager le trajet de ces deux-là qui pendant quelques jours et quelques nuits (c'est lent un train russe) vont se côtoyer dans la promiscuité confinée de leur compartiment (c'est sale un train russe).
Bien sûr, ils nous semblaient aussi éloignés l'un de l'autre que possible mais forcément, ils vont se rapprocher peu à peu comme les rails des voies de chemin de fer, et apprendre à s'apprécier.
Et nous, apprendre à les connaître, ces deux beaux personnages.
On apprendra aussi à dire "je t'aime" (ou presque) en finlandais.
On apprendra aussi qu'il est possible de donner une seconde vie au vieux tube "Voyage, voyage" de Desireless (fin des années 80) car on le sait, ce qui importe n'est pas la destination mais le voyage : le film a toute cette sagesse qu'a oubliée notre époque.
[...] Sur le Gange ou l'Amazone
Chez les blacks, chez les sikhs, chez les jaunes
Voyage, voyage
Dans tout le royaume
Sur les dunes du Sahara
Des îles Fidji au Fujiyama
Voyage, voyage
Ne t'arrêtes pas ...