Déjà, formellement, c’est beau. Pas une beauté artificielle avec des filtres, des gens beaux et un décor toujours propre. Ici, le train est sale, naturaliste, crasseux. Les personnages ont les cheveux gras, les vêtements sales, les oreillers sales. Le décor est exiguë. C’est crasseux, et la caméra le sublime, le rend beau, même superbe. Le film arrive à filmer le vrai, la vie, de façon quasi naturaliste, et à le rendre magnifique. Il y a ce grain, ces ombres et ces lumières, ces plans sur les visages et les regards, ces trainées à l’arrière du train, ces feux lumineux dans la nuit, ces gouttes d’eau et la neige. Et il s’en dégage une vraie poésie, une vraie émotion.
Et puis il y a ces personnages, qui dès leur première apparition, ont l’air tristes, perdus, différents, en marge, ont l’air d’avoir quelque chose à raconter. Ils existent par leur seule présence, leurs seuls regards. Et on aime les suivre ces personnages car on a envie de savoir ce qu’ils ont à raconter. Leurs manies, leurs humeurs, leurs regards, leurs maladresses, en disent long et se perdent dans une poésie, une beauté formelle et une vraie grâce qui leur font honneur.
Et finalement, plus qu’un film sur la rencontre, on peut sûrement y voir un film sur le mouvement. Où deux êtres qui ont une vie un peu immobile ont besoin d’être perturbés, de mouvement. Et qui, comme le train, avancent ensemble.