Je suis venu vers ce film assez à reculons du fait que j'avais trouvé la trilogie autobiographique du réalisateur Bill Douglas creuse et prétentieuse. Mais faut partir du principe que tout artiste a le droit à une seconde chance ; pour ce cas-là, je pourrais dire "dernière chance" étant donné que la filmo du monsieur, du fait des circonstances, n'est guère prolixe... Bon, trois heures de film d'un homme dont je n'ai pas aimé du tout le précédent (ou plutôt les trois précédents films !), ça faisait un peu peur... Ironiquement, je me demande si je n'aurais pas plus aimé le montage initial de 3 heures et de 36 minutes... Je vais m'expliquer...
Bon alors, l'histoire, qui est véridique et qu'à ma grande honte, je ne connaissais pas jusque-là, celle des Martyrs de Tolpuddle, qui ont eu le malheur d'être un peu trop "syndicaliste" avant l'heure... On relèvera aussi la cruelle ironie qui veut que ce film ait été tourné et est sorti à une époque où le thatchérisme était à son zénith...
Alors, le film se divise en deux grands chapitres : le chapitre anglais et le chapitre australien...
Le chapitre anglais : alors quand il s'agit de paysages ruraux anglais avec quelquefois des teintes grisâtres qui vont jusqu'à contaminer celui des acteurs d'un rose un peu trop clair ou d'un rouge un peu trop foncé pour pouvoir y échapper, je fonds, les mêmes paysages et les mêmes teints sur un climat froid mais cette fois-ci ciel ensoleillé, je fonds ; je fonds dès que je vois un paysage de campagne anglaise de toute façon... Mais filmé aussi fabuleusement que cela, là je pique un orgasme. Cet assemblage de tranches de vie sur fond de ces paysages, ces jeux d'ombres pendant les scènes nocturnes, avec cette bonne idée de fil conducteur qu'est le lanterniste... Je suis preneur.
Malheureusement, j'ai été un peu moins emballé par le chapitre australien, que j'ai trouvé un peu trop décousu, le destin de chacun des personnages étant mal exposé de manière individuelle ; là est peut-être la demi-heure manquante que j'aurais bien voulu voir ne serait-ce que pour vérifier. Mais il y a un lot de séquences incroyables qui méritent le détour : le berger allemand "suceur" fuyant vers l'horizon paraissant infini, la vente aux enchères avec traité de manipulation à la clé et puis surtout cette scène hallucinante, sortie de nulle part, un photographe italien prenant un Aborigène en photo dans le bush...
Dans la conclusion, j'ai trouvé le discours final de trop. Ce qu'on avait vu avant valait tous les discours et se suffisait pour faire passer le message, pas la peine d'en rajouter. Finished...
Voilà, tout ce que je peux dire. Le film de trois heures est un très bon film, inégal mais avec des éclairs époustouflants, celui de trois heures et demie est peut-être un grand.