Je reconnais une certaine indulgence vis-à-vis de ce « Contagion » pas forcément enthousiasmant. Mais l'essentiel est ailleurs : à l'heure où il est presque devenu honteux de ne pas réaliser avec une caméra amateur un film sur une catastrophe ou une épidémie, Steven Soderbergh se la joue à l'ancienne, et c'est tant mieux. D'autant que le réalisateur a décidé de jouer ici la carte du réalisme, si bien que l'on se sent particulièrement concerné par un récit aussi grave que saisissant. Soderbergh n'hésite d'ailleurs pas à faire disparaître durant l’œuvre certains protagonistes essentiels afin de renforcer cette impression, constat d'autant plus douloureux que les plus attachants ne sont pour une fois pas à l'abri du danger.
On apprécie beaucoup cette volonté du réalisateur d' « Erin Brockovich » de ne pas tomber dans un optimisme ou une foi inébranlable en l'humain, comme en témoigne plusieurs comportements assez ambigus et discutables, à l'image notamment du journaliste que Jude Law interprète plutôt bien. C'est toutefois cette crédibilité à toute épreuve qui séduit le plus, la volonté de ne pas tomber dans la surenchère ou le spectaculaire étant palpable à chaque instant, comme en témoigne plusieurs scènes où la peur et la panique rappelleraient presque les manifestations anti-Thatcher. Les films consacrés à un virus mortel pullulent depuis de nombreuses années : ne manquez pas celui-ci, il est assurément (et de loin) l'un des plus réussis.