Harry est un expert en surveillances et en écoutes. Travaillant aussi bien à la solde des forces de l'ordre que de clients privés, il est cette fois chargé d'enregistrer un jeune couple dans un parc. Mais il ne peut rester indifférent devant la teneur ambiguë de leur conversation, et se persuade qu'il va mettre en danger les tourtereaux s'il remet l'enregistrement à son client...
Parfois un peu oublié car sorti entre les deux "Godfather", "The Conversation" est pourtant un film fort de Francis Ford Coppola, sorti très à propos à l'époque, en plein scandale du Watergate. Cependant soyez prévenus, il ne s'agit pas d'un thriller haletant, mais plutôt d'un polar paranoïaque lancinant, qui utilise les craintes et paradoxes de son protagoniste (un solitaire renfermé qui passe son temps à pénétrer la vue privée d'autrui) pour dénoncer les méthodes de surveillance et d'espionnage des gens ordinaires. Une critique toujours actuelle devant les méthodes de surveillance utilisées aujourd'hui par la NSA... Sur la forme c'est impeccable. Gene Hackman est à la fois touchant et inquiétant dans ce rôle d'expert fragile, dont la conscience le pèse plus qu'il n'y parait. Il est entouré de solides seconds rôle (John Cazale, Robert Duvall, et même un inquiétant et jeune Harrison Ford !). Coppola offre également de beaux moments de mise en scène, et un montage expérimental sonore et visuel percutant : la conversation qui se dévoile peu à peu par fragments, ou encore des images chocs dans le dernier acte.