Convoi de femmes par mistigri
Buck Wyatt, cow-boy dur et maladroit avec les femmes, est chargé de ramener plus d'une centaine de femmes pour les marier aux hommes travaillant sur les terres de Roy Witman, propriétaire d'un Ranch en Californie. Buck, Roy et quelques autres hommes font la route jusqu'à Chicago, où ils viennent chercher les candidates.Celles-ci vont alors s'embarquer pour une longue traversée de plus de 3000 km, qui durera plus de quatre mois.
Le film s'ouvre sur la scène du recrutement des candidates, dans laquelle les portraits y sont dressés; ceux des femmes, de la veuve endurcie, à la jeune femme enceinte en passant par la mère italienne; et ceux des hommes, un vieux tendre, un cow-boy bourru, un jeune japonais fanfaron, sans oublier le chien docile.
Puis la longue procession dans le désert commence. On devine dès le départ à Chicago quelle va être la suite des événements. Des tensions apparaissent entre les femmes, certains hommes ont un peu trop hâte de consommer la marchandise - certains quittent même clandestinement le navire avec des femmes, le convoi est attaqué, la tempête, bref les pauvres promises n'échappent à rien et c'est bien dommage. De ce scénario sans aucune surpise ressort un certain ennui, et même un désintérêt d'autant plus marqué par le fait que l'on ne s'attache pas vraiment à ces femmes. Peut-être est-ce le souhait de Wellman que les femmes soient montrées comme l'égal de l'homme, mais il finit par en faire une masse impersonnelle sans chercher à construire d'histoire autour de ses personnages, préférant se concentrer sur leurs capacités à résister plutôt que sur leur caractère.
Ensuite, il y a une histoire d'amour vaseuse, avec un Robert Taylor aussi charismatique qu'une chaussette reprisée, une relation bizarre entre le japonais et le chien, des morts qu'on ne prend pas le temps de pleurer. Mais le pire est sans doute la scène de l'accouchement. Franchement, en plein désert, avec la soif, la faim, et la fatigue, je ne suis pas vraiement persuadée que des femmes auraient accueilli avec autant de joie et autant de ferveur la venue d'une nouvelle bouche à nourrir.
Malgré quelques faiblesses scénaristiques, le côté caricatural de certains personnages, et le rythme un peu trop poussif par moments , l'ensemble reste agréable à regarder, il y a des bons mots, des bonnes idées, et le message anti-sexiste de Wellman/ Capra bien qu'un peu naïf, est louable . C'est dommage qu'il faille attendre la moitié du film pour qu'il y ait un peu plus de rythme, la première moitié étant un peu trop bavarde, et, contre toute attente la rencontre entre les femmes et les hommes est assez émouvante sans en faire des paquets. Bon, et ça m'a un peu rappelé le passage de Fantasia avec les petits centaures ( les femmes qui se préparent, la découverte des hommes, et la petite danse), ce qui a augementé la note.