Couleur de peau : Miel par Hugo Harnois
Le cinéma a un pouvoir cathartique, libérateur. Jung, l'auteur de bande dessinée, l'a bien compris, car après avoir raconté son histoire sur papier, il la porte à l'écran avec l'aide de Laurent Boileau. À l'âge de six ans et suite à la guerre de Corée, le petit garçon est adopté par une famille belge. Durant toute son enfance et jusqu'à l'âge adulte, celui-ci va se poser une question : qui je suis ?
Afin d'illustrer cette quête existentielle, le réalisateur en herbe reprend ses dessins personnels faits à la main. Les décors y sont magnifiques et débordent d'authenticité, à l'image de ce film très intimiste. À l'heure du numérique et de graphismes toujours plus puissants, cela fait plaisir de voir du « fait maison » qui arrive à sortir des sentiers battus de l'animation. Petit bémol toutefois : le traitement des visages, trop grossier et manquant de profondeur. Mais qu'importe car le résultat fonctionne.
En mélangeant des archives, ses films de famille ainsi que ses dessins, Jung réussit à nous toucher en essayant d'être toujours le plus juste et objectif possible. Les interrogations qui trottent dans sa tête sont toutes exposées sans prendre trop de place dans le récit. Ses sentiments affectueux vis à vis de sa sœur, sa jalousie envers la nouvelle adoptée, ou la perte de repère qu'il ressent au fil des ans sont autant d'éléments captivants qu'on pourrait traiter longuement.
Il est évident que tout le monde ne se reconnaîtra pas dans cette enfance parsemée d'obstacles, mais pourtant, le dessinateur évoque avec intelligence le principe de donner et recevoir dans les relations parents-enfants qui lui, est bien universel et peut toucher n'importe qui.
La fin est elle aussi très réussie. Alors qu'elle aurait pu tomber dans un pathétisme facile, elle nous émeut de belle manière puisque Jung a trouvé les réponses aux questions qu'il se posait depuis toujours. Félicitation, la magie du cinéma a opéré.
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