Tiens, un bon vieux whodunit à l'ancienne comme on en fait (presque) plus sur grand écran ! À ce titre, Tom George se fait plaisir niveau références (dont la grande majorité échappera aux spectateurs), que ce soit à travers
quelques très belles affiches d'époque (« Laura », « Pandora », « Quand la porte s'ouvre ») ou à la carrière de Richard Attenborough (« L'Étrangleur de la place Rillington », « Magic »...),
sans oublier, évidemment, LA grande prêtresse du genre : j'ai évidemment nommé Agatha Christie, le film ayant le bon goût de se dérouler dans les années 50. On sent la volonté de s'amuser (un peu) avec les codes, s'offrant quelques mises en abyme et détournement de clichés plutôt sympas, à défaut d'être très subtils. La logique comédie policière est insistante, surlignée, ce qui n'empêche pas plusieurs scènes amusantes, certains dialogues et situations faisant mouche.
Dommage, en revanche, qu'hormis l'introduction, la conclusion et quelques « audaces » passagères, « Coup de théâtre » reste assez sage, presque « gentil », manquant de mordant, de cynisme pour croquer le petit monde de l' « entertainment », prenant ainsi soin de ne blesser personne. Les seconds rôles, malgré un évident potentiel et d'excellents acteurs, sont peu exploités, apparaissant plus comme des stéréotypes que de vrais personnages, Reece Shearsmith et peut-être Harris Dickinson étant les seuls ayant vraiment quelque chose à défendre. Surtout, n'est pas Christie (la romancière, pas le tueur en série!) qui veut, puisque j'avais deviné l'assassin (un peu par défaut, je reconnais!), le scénario connaissant au moins deux gros loupés, provoquant une grande confusion n'étant jamais vraiment expliquée, lui donnant à ces moments un aspect bancal, peu maîtrisé.
Heureusement, le réalisateur exploite avec efficacité son duo de policiers mal assorti, dont il y avait sans doute de quoi tirer plus (notamment l'érudition cinématographique de l'héroïne), mais gardant un réel capital sympathie, Sam Rockwell se faisant toutefois clairement voler la vedette par la toujours aussi adorable, irrésistible, délicieuse, charmante (oui, je l'aime bien, d'autant que pas vue depuis trois ans : une éternité!) Saoirse Ronan : très possible que le film eut un point en moins si cela avait été une autre actrice. Un petit charme rétro, au style propret, caressant dans le sens du poil les cinéphiles et amateurs du genre, sans pouvoir se mesurer à la dernière vraie référence en date : « À couteaux tirés ».