Cela faisait un bon moment que je voulais voir ce film, dont le synopsis m'intriguait. Sa courte durée d'à peine une heure et quart constituait un argument supplémentaire pour enfin le découvrir. J'avais bien pris soin en amont de ne rien lire à son sujet et d'ainsi me laisser happer par le film et sa mise en scène.


Or durant les vingt premières minutes, la mise en scène m'a horripilé. J'ignore en écrivant ces lignes si dans l'histoire du cinéma on a eu une autre décennie que celle des années 90 où l'on a vu apparaitre autant de cinéastes issus du vidéoclip ou de la publicité, mais je dois avouer qu'hors mis quelques exemples tels David FINCHER ou Leos CARAX, beaucoup de ces cinéastes ont pour moi la détestable tendance à faire de l'esbrouffe, à rendre leur direction artistique volontairement exhibitionniste. Face au Cours, Lola, cours (1998) qui nous intéresse ici, j'avais tout ce qui m'indispose de façon presque physiologique dans ce cinéma qui confond, selon moi idées de mise en scène qui vont servir le récit ou l'intrigue et successions ininterrompus de petits effets démonstratifs pour qu'on comprenne bien que le cinéaste il en a sous le coude, mais quelle vacuité. Les ralentis, les split screen, l'irruption de l'animation, les jeux de lumières et j'en passe, j'étais guère confiant quant à ma bonne réception de ce film, mais comme j'ai pour principe de toujours finir un film que j'ai commencé, je me suis accroché.


Je me suis accroché, mettant de côté mes griefs vis à vis de la mise en scène pour me concentrer sur d'autres éléments, et j'ai bien fait.

Sans dévoiler quoi que ce soit d'essentiel à ceux qui ne l'auraient pas vu, sachez qu'à un moment le film se mû en une boucle temporelle, qui va non pas rejouer les mêmes événements selon les points de vues différents des protagonistes, mais selon le seul point de vue de la Lola du titre.

Dès lors en trois volets qui de similaires vont évoluer et donc se conclure par des petits détails, ces détails anodins qui parfois dans la vie vont vous questionner sur la façon dont se serait terminé quelque chose si seulement tel point avait été différent. Aurait on rencontré cette personne si on ne s'était pas réveillé en retard ?

Pour moi ça a été à partir de ce moment que le film m'a accroché, le réalisateur a beau continuer de nous agresser avec son trop plein d'idées pas toujours pertinentes, il rajoute cette fois une maîtrise dans le scénario, qui se traduit dans le montage que j'ai trouvé absolument maîtrisé. Mon intérêt en tant que spectateur se trouvait revigoré et j'ai du coup pu apprécier l'ensemble, notamment les acteurs, l'interactivité fluctuante des divers personnages qui jalonnent la course effrénée de l'héroïne, son implication quant au destin de son amour selon une fois encore les changements a priori anodins que la boucle temporelle installe.


Alors si comme moi, les démonstrations prétentieuses des cinéastes venus au cinéma par l'entremise du clip ou de la publicité peuvent vite vous irriter, attendez vous à souffrir dans un premier temps, mais il n'est pas impossible que comme moi, une fois cela passé au second plan, la précision du scénario et le montage appuyant sur les évolutions qui vont définir les destins des protagonistes, vous convainquent.

Créée

le 9 sept. 2024

Critique lue 15 fois

3 j'aime

1 commentaire

Critique lue 15 fois

3
1

D'autres avis sur Cours, Lola, cours

Cours, Lola, cours
Libellool
8

À la croisée des destins

Cours, Lola, cours, c'est un peu la version allemande d'Un jour sans fin d'Harold Ramis, sauf que l'on remplace la comédie par l'action. Mais pour le coup, la trame du film fait plutôt penser à Edge...

16 j'aime

3

Cours, Lola, cours
Lilou
5

Ok, cours, mais ne reviens pas!

Le postulat de départ (on l'a dit et redit, Lola a 20 minutes pour sauver son mec en trouvant 100 000 marks) est pas mal, type thriller basique : on attend de voir comment ça va être traité. Le film...

le 1 nov. 2011

16 j'aime

3

Cours, Lola, cours
EricDebarnot
6

Entousiasme et candeur

Bon, reconnaissons que "Cours, Lola, Cours" n'a rien d'un vrai "classique du cinéma", mais il avait - un peu - marqué son époque en opposant ses partisans, adeptes d'un cinéma "nouveau", intégrant...

le 5 août 2013

14 j'aime

Du même critique

As Bestas
Spectateur-Lambda
8

Critique de As Bestas par Spectateur-Lambda

Rodrigo SOROGOYEN m'avait déjà fortement impressionné avec ses deux premiers longs métrages Que Dios nos perdone (2016) et El Reino (2017) et les échos que j'ai eu du précédent sorti avant celui-ci...

le 2 mai 2023

8 j'aime

2

La Mouche
Spectateur-Lambda
8

Critique de La Mouche par Spectateur-Lambda

Retrouver la société de production de Mel BROOKS au générique de ce film n'est pas si étonnant quand on se souvient que le roi de la parodie américain avait déjà produit Elephant Man (1980).Un autre...

le 3 oct. 2022

7 j'aime

4

Le Règne animal
Spectateur-Lambda
8

Critique de Le Règne animal par Spectateur-Lambda

C'est compliqué le cinéma de genre en France ! C'est compliqué parce que l'industrie rechigne à financer ce cinéma. C'est compliqué parce qu'il souffre, à tort, de la comparaison avec les mastodontes...

le 9 oct. 2023

5 j'aime