Dans la famille réalisateur pas terrible qui fait quand même beaucoup trop de film malgré un talent miteux assez certain, je voudrais Alexandre Aja. En 20 ans de carrière le type n’a quand même été capable d’emballer qu’un seul bon film qui tient la route, et encore c’est gentil, puisque c’est un remake bourrin, qui fonctionnait pas mal grâce à ses effets gores généreux et un casting impliqué. C’était ‘’The Hills Have Eyes’’ en 2006, son troisième long métrage, qui promettait une belle carrière, et puis à l’image de ce ‘’Crawl’’, plouf.


Je ne vais pas revenir sur l’ensemble de ses œuvres, mais ce ne fût que de déception en déception, jusqu’à 2019 et ‘’Crawl’’. Une tentative complètement loupée cherchant à créer du suspens avec du vide, par une accumulation de scènes clichées, forcées à rentrer dans le moule inadapté d’un récit qui ne tient pas la route. Soit le genre de film dont les règles s’adaptent au fur et à mesure sans logiques.


Alors que la mise en scène cherche une sorte d’immersion réaliste, la menace, totalement surréaliste vient de crocodiles qui ont trop regardé ‘’Les Dents de la Mer’’. Il serait temps qu’à Hollywood ils comprennent qu’il existe une sorte de malédiction autour des films de crocodile.


À part ‘’Eaten Alive’’ de Tobe Hooper en 1976, et ‘’Rogue’’ de Greg McLean en 2007, qui même s’ils tiennent la route restent relativement moyen, jamais un film de crocodile n’a été réellement bien fait. Et ‘’Crawl’’ n’échappe pas à la règle.


La quasi intégralité de l’action se déroule dans le sous-sol, ÉNORME, d’une maison où une fille championne de natation, et son père champion de la bibine, cherchent à échapper à plusieurs crocodiles qui leur en veulent personnellement.


Ce qui est génial c’est que lorsque ce sont des figurants ou des seconds rôles, les crocodiles les bouffent de manière spectaculaire. Traduite par une débauche d’hémoglobine un peu goresque. En revanche, lorsqu’ils s’attaquent à la fille et son père, ils ne forcent pas suffisamment leur étreinte pour leur laisser un moyen de s’en sortir. Même lorsque qu’ils parviennent à leur chopper les jambes où les bras.


Du coup ça brise absolument tout suspens et toute surprise, et lorsque l’on voit un personnage secondaire on sait qu’il va mourir de façon atroce. Puisque bien entendu, il est bien connu que les crocodiles sont des animaux sadiques qui torturent psychologiquement leurs victimes, et prennent un malin plaisir à les tuer. Par contre, quand ce sont les deux premiers noms du casting, ils prennent conscience qu’ils ne doivent pas trop les manger, sinon y’a plus de film, et ainsi ils deviennent débiles.


Prenant place lors d’un ouragan, dont l’ambiance est plutôt bien retranscrite, 80% du métrage se déroule dans un sous-sol obscur, un décor vraiment bien foutu pour le coup, mais qui n’a absolument aucune logique. Il est beaucoup trop grand pour la baraque sous laquelle il se trouve, et c’est un véritable dédale fait d’une multitude de recoins, uniquement présents pour permettre aux héros de se protéger, et échapper à des crocodiles dont l’attitude n’est justifiée uniquement que par leur aptitude à se faire piéger.


‘’Crawl’’ est le genre de film qui n’a aucun respect pour ses spectateurs. C’est de la fainéantise intellectuelle en barre, vendue au rabais dans un carton de sortie d’usine, car trop défectueux pour être vendu sur une tête de gondole. C’est complètement stupide et bourré d’incohérences, dans un univers qui ne fait jamais sens, car ce n’est pas un film Fantastique, ça se veut réaliste, encore une fois.


Le plus agaçant est de voir les crocodiles avoir des réactions humaines, monter des embuscades à plusieurs, pour mieux torturer des individus innocents. Pas pour les manger, non, juste pour les mordre, jouer un peu avec, puis les réduire en morceaux.


Très intelligents ils agissent donc en bande pour piéger leurs proies, avant de se les faire. Tout cela pour donner des images faussement spectaculaires au branque qui se touche derrière sa caméra, parce qu’il est persuadé d’être en train d’emballer le digne héritier de ‘’Jaws’’.


Puis bien entendu au début du film l’héroïne souffre d’un trauma suite à la séparation de ses parents. Qu’elle compense par la natation, une activité qui lui permet d’échapper au gang de crocodile. Au travers de flashback inopinés, elle est présentée comme une acharnée qui ne lâche rien, qui se surpasse face à l’adversité. En faisant le personnage idéal pour se sauver elle, et son père.


Puis elle renoue avec papa, en lui pardonnant de ne pas avoir su garder maman à la maison, lors d’une scène d’émotion au pathos déplacé et complètement hors ton, qui prend place entre deux morsures de crocodile (le père vient de se faire arracher un bras). Assis contre un mur, avec les flots qui montent, ils partagent et pleurent ensemble… NON en VRAI t’as PAS le TEMPS.


‘’Crawl’’ c’est un peu l’équivalent, en encore moins bien, et ça en dit long, de ‘’The Shallows’’ réalisé par Jaume Collet-Serrat. Ça en reprend vraiment toute la trame, recopiant les mêmes erreurs, tout en étant encore plus débile. Ça sent un peu le plagiat stupide. Et humaniser les réactions d’animaux perçus comme dangereux, pour justifier une quelconque parabole qui ne sert que de prétexte, c’est nul. Quitte à partir dans un délire survivaliste, autant y aller à fond et jouer la carte de la gaudriole, puisqu’involontairement le film finit par le devenir.


Pour ce qui est de l’aspect survivaliste, dans le genre, en mieux fait et assumant son côté over the top, autant revoir ‘’San Andreas’’, c’est quasiment pareil mais c’est assumé et y’a The Rock. Ou bien ‘’Rampage’’ où The Rock affronte un alligator géant… Avec des postulats de départs à la noix, il est plus judicieux de partir à 100% dans un trip qui s’assume en tant que tel, que vouloir sortir une œuvre réflexive pseudo-psychanalytique à deux balles…


C’est incroyable qu’il y ait encore des producteurs assez cons pour produire ce genre de truc… Et là tu vois que c’est co-produit par Sam Raimi… Et là tu pleure…


PS : Même l'affiche met en garde sur la qualité du film... ''Danger'', fuyez...


-Stork._

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le 29 mai 2020

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