La Floride est en proie à un ouragan assorti de pluies diluviennes.C'est le moment que choisit la belle Haley pour rejoindre son père dans le sous-sol de leur ancienne maison située dans une zone que les autorités veulent évacuer.L'ennui est qu'il y a des alligators dans cette cave,que papa est mal en point car il s'est fait mordre et que l'eau monte,inondant l'endroit où sont bloqués les protagonistes.Alexandre Aja,qui coproduit le film avec son pote Grégory Levasseur et un certain Sam Raimi,et le réalise,avait bien commencé sa carrière américaine dans le cinéma horrifique avec ses remakes de "La colline a des yeux" et "Piranha",mais depuis ça s'est un peu gâté et ce "Crawl" confirme sa perte de mojo.Il s'agit en quelque sorte d'une version urbaine de "Black Water",et c'est au départ assez alléchant en tant que film-concept.Il y avait de quoi faire et d'ailleurs ça fonctionne sur les plans technique et atmosphérique.Aja recrée brillamment la Floride en Serbie et instaure une ambiance angoissante de bon aloi.Ce sous-sol sombre et dégueulasse,cette flotte incontrôlable qui envahit l'espace confiné,ces saloperies de crocos,des animaux parmi les plus terrifiants de la Création, qui rôdent dans l'ombre sans qu'on sache jamais exactement où ils sont,tout ça est vraiment flippant.La mise en scène est efficace,la photo performante et les décors parfaitement adaptés à la situation.Hélas ça commence à dérailler sévère lors des attaques de sauriens,le cinéaste perdant brusquement toute notion de cadrage.Montage heurté,caméra placée trop loin ou qui se détourne carrément de l'action,bref on ne voit à peu près rien et les effets gore sont très limités.Mais le pire arrive avec ce scénario totalement WTF qui se fout ouvertement de la gueule du spectateur.Déjà,la stupidité des personnages,qui réussissent à se fourrer dans cette invraisemblable situation,est franchement incroyable mais ce n'est rien à côté de la série d'initiatives absurdes qu'ils prennent tout au long de cette abracadabrante histoire.On dirait qu'ils veulent absolument se faire bouffer,heureusement ils ont affaire aux gators les plus mous et les plus lents de l'Histoire de la zoologie.Il est d'emblée étonnant que les bestioles ne se manifestent pas quand Haley déboule dans la cave.Elle ignore qu'ils sont là et comme elle cherche son papa elle l'appelle et fait un maximum de bruit sans qu'un croco ne daigne montrer son museau.Bon,de temps en temps les deux personnages se font choper par les monstres mais,en dépit de blessures sérieuses,ils parviennent à s'en tirer et restent en pleine forme,à l'image de fifille qui grille les bébêtes à la nage.D'accord elle est championne de natation mais faut pas trop pousser quand même,ça rappelle la comique traversée du Nil de Bud Spencer en images accélérées dans "Pied-Plat sur le Nil".Le duo s'ingénie donc à se mettre à portée des prédateurs,généralement sans savoir où ils se trouvent,mais peuvent compter sur l'inefficacité de leurs adversaires,qui pourtant se montrent férocement compétents lorsqu'il s'agit de croquer les personnages annexes qui eux finissent déchiquetés en moins de deux.Les scènes croquignolettes se succèdent ainsi imperturbablement,à l'image de Haley qui a le bras coincé dans la gueule d'un croco mais parvient cependant à tirer avec le flingue qu'elle tient en main.Imaginez le truc,le bras pris dans la dentition de la bête sans qu'il soit sectionné et la fille qui ne sent pas la douleur,au point de garder l'arme en main et d'arriver à tirer!Grand moment de cinéma!Le père,lui,à l'agonie au début du film,récupère à une vitesse surprenante et se met à se déplacer avec une rapidité hallucinante.Il se passe en outre des trucs pas ordinaires,comme cette torche qui reste allumée au fond de l'eau ou cette radio submergée qui continue à marcher.Mais bien sûr!On aura également l'inévitable scène de réa après noyade,une manoeuvre qui n'a jamais échoué au ciné et,surprise,ce n'est pas encore cette fois que ça va rater.Tout est comme ça dans "Crawl",une interminable enfilade de conneries carnavalesques en continu.Evidemment il y a en fond d'écran un sombre drame familial,Dave et Haley étant plutôt en froid au départ,mais naturellement ces menues épreuves vont les rapprocher,voilà pour la brillante dimension psychologique du show.Kaya Scodelario,toujours aussi choupinette,se dépense sans compter et fournit une excellente prestation.On ne peut en dire autant d'un Barry Pepper éteint et inexpressif.